Poutine - Macron: les dossiers qui fâchent

Oliver Stone et Vladimir Poutine en voiture. - Capture d'écran YouTube d'une vidéo Showtime
À l'occasion de l'inauguration d'une exposition dédiée à la visite historique effectuée par le tsar Pierre le Grand en France, en 1717, Emmanuel Macron reçoit ce lundi son homologue russe Vladimir Poutine. La visite s'apparente à un prétexte pour renouer les liens avec la Russie et ce, d'autant plus que le G7 réuni ce week-end à Taormine en Italie, a fait peser sur Moscou la menace de nouvelles sanctions.
Le président français a promis un "dialogue exigeant", "sans aucune concession", avec Vladimir Poutine, qui l'avait appelé à "surmonter la méfiance mutuelle" dans un message de félicitations après son élection. Emmanuel Macron a également fait savoir en fin de semaine dernière qu'il serait prêt pour tous les coups: "Donald Trump, le président turc (Recep Tayyip Erdogan) ou le président russe sont dans une logique de rapport de force, ce qui ne me dérange pas" avait-il confié.
Emmanuel Macron "ne s'interdira rien"
Dans l'entourage du président, on confirme que les discussions pourront être houleuses: "On peut imaginer que la conversation va être franche et assez directe". Emmanuel Macron "ne s'interdira rien [...] y compris (sur) les questions qui ont trait aux libertés", a déclaré ce lundi matin la ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez.
Au programme ce lundi: les relations franco-russes, leurs visions respectives de l'avenir de l'Union européenne, la lutte antiterroriste et les crises régionales, l'Ukraine et la Syrie, mais aussi la Corée du Nord et la Libye.
"La Russie a envahi l'Ukraine"
Pour le chef d'État français, il est nécessaire d'engager une discussion avec la Russie au sujet de la crise en Syrie, afin de "changer le cadre de sortie de la crise militaire" et de "construire de manière beaucoup plus collective une solution politique inclusive". De la même manière, le dossier ukrainien devra être ouvert. "La Russie a envahi l'Ukraine" avait déjà lancé Emmanuel Macron à l'issue du G7 alors que Moscou dément toute implication dans le conflit.
Alors qu'il était encore candidat, Emmanuel Macron avait dénoncé, sur Twitter, les "camps pour homosexuel" en Tchétchénie, l'une des républiques de la Fédération de Russie. Le sujet pourrait être abordé ce lundi, même si la réponse du camp russe est déjà connue à ce sujet...
"Je crois que le président Poutine va lui répondre que c'était une information complètement fausse, que nous n'avons rien trouvé de ces camps en Tchétchénie", a fait savoir Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie, au micro d'Europe 1 lundi.
Piratages informatiques
Les deux chefs d'États tenteront également d'arrondir les angles après la campagne présidentielle française, marquée par l'accueil au Kremlin de la candidate Marine Le Pen et les piratages informatiques visant En Marche!, attribués à des hackers russes. Selon un rapport officiel du renseignement américain, cette vaste campagne de piratages aurait eu pour objectif de déstabiliser les alliances occidentales en faisant élire des candidats ayant des vues plus favorables à la Russie. L'hypothèse a été démentie par le Kremlin lui-même qui assure ne pas préférer Marine Le Pen à Emmanuel Macron. La présidente du Front national a néanmoins été longuement reçu par Vladimir Poutine en mars dernier et le soir du premier tour, la chaîne de télévision de l'armée russe a publié sur Twitter les résultats du scrutin avec le mot-clé #JeVoteMarine.
"Normaliser les relations avec la Russie"
Pour Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales (IFRI), Poutine entend "corriger l'image très négative qu'il a laissée pendant la campagne présidentielle, en recevant Marine Le Pen notamment". Du côté de l'Élysée, il s'agit selon lui, de rappeler que "la priorité française, c'est l'Allemagne et le projet européen, alors que Moscou avait parié sur le délitement de l'Europe".
Marine Le Pen a pour sa part souhaité que la rencontre permette de "normaliser les relations avec la Russie", au-delà des seuls "concours de biceps". "La question n’est pas de savoir si on apprécie ou on apprécie pas tel ou tel aspect des affaires intérieures russes, la question est de savoir si l’on doit travailler avec la Russie, et les États-Unis d’ailleurs, notamment, pour lutter contre le fondamentalisme islamiste, car il est là le gigantesque défi des relations internationales aujourd’hui", a-t-elle plaidé.