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Pourquoi Nicolas Sarkozy a remboursé l'UMP

Nicolas Sarkozy à Paris le 29 novembre 2014.

Nicolas Sarkozy à Paris le 29 novembre 2014. - Kenzo Tribouillard - AFP

A peine entré dans ses nouvelles fonctions, le nouveau président de l'UMP a signé un chèque de 363.615 euros à son parti. Pourquoi une telle somme, et pourquoi Nicolas Sarkozy la rembourse-t-elle maintenant?

Le geste a surpris. Mercredi, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il avait signé un chèque de 363.615 euros à l'UMP. Une somme qui correspond au montant de la pénalité infligée par le Conseil constitutionnel au président de l'UMP, après le rejet de ses comptes de campagne en 2012 pour dépassement du plafond de dépenses autorisé.

A l'époque, Nicolas Sarkozy n'avait pas réglé cette somme. C'est l'UMP qui l'avait payée, avec l'aval d'un de ses avocats, Me Blanchetier. Les services du ministère de l'Economie avaient validé de leur côté cette décision. Le virement est effectué. En parallèle, l'UMP lance un appel au don – qui deviendra le "Sarkothon" – pour se remplumer financièrement.

Le paiement par l'UMP, illégal?

Mais en juin 2014, la direction du parti change. Jean-François Copé, embourbé dans l'affaire Bygmalion, doit céder sa place au trio composé d'Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon. Ce dernier mandate un avocat, qui rédige une note dans laquelle il conclut que le paiement de la pénalité par l'UMP était en fait illégal, rapporte Le Parisien.

Les commissaires aux comptes découvrent également que Me Blanchetier, en plus d'être avocat de l'UMP était aussi l'avocat de Nicolas Sarkozy, et qu'il se trouvait donc en conflit d'intérêt lorsqu'il a demandé au parti de payer pour l'ancien candidat, relève Le Monde. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour "abus de confiance", "complicité" et "recel".

"Je ne puis laisser prospérer la polémique"

Pour l'ex-Président, c'est à l'UMP de payer, comme le parti l'a fait en 2010 pour régler les dettes de Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Mais, voyant la polémique monter, il a préféré en finir avec l'affaire pour, selon sa lettre au nouveau trésorier de l'UMP, permettre à "la formation politique que je préside d'être à l'abri de toutes contestations". "Une polémique ayant été entretenue sur la validité de ce règlement et quelle qu'en soit la réalité, je ne puis la laisser prospérer, au moment où j'aspire à redonner à notre pays l'espoir qui l'a fui en rénovant l'opposition", ajoute-t-il.

L'un de ses proches assure: "Il a fait ce geste dès la première heure de sa prise de fonction. Ce n'était pas du tout une obligation, mais c'était pour qu'il n'y ait plus le moindre problème". La lettre est datée du 1er décembre.

Pour d'autres responsables de l'UMP, c'est aussi la pression judiciaire autour de Claire Vautrin, ancienne trésorière du parti, et Fabienne Liadzé, ex-directrice financière, qui aurait décidé Nicolas Sarkozy à rembourser le parti. Mais le fait de payer ne devrait rien y changer: désormais, la justice s'intéresse à la décision de faire payer l'UMP à sa place - peu importe qu'il y ait eu remboursement ou non.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV