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Pour Hollande, "Macron joue au président"

Emmanuel Macron et François Hollande se croisent lors d'une cérémonie en hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre.

Emmanuel Macron et François Hollande se croisent lors d'une cérémonie en hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre. - Philippe Wojazer - AFP

L'ancien chef de l'Etat, blessé par la distance installée par son successeur, distribue les critiques acerbes.

Depuis un an, François Hollande et Emmanuel Macron se toisent. Les échanges se font uniquement par interviews interposées. Les mots sont durs, le ton cassant. La guerre froide que l'ancien président et l'actuel se livrent devrait atteindre son paroxysme cette semaine: à l'occasion de la sortie de son livre, François Hollande va multiplier les apparitions médiatiques – sur France 2 mercredi, France 5 ou encore France Inter jeudi. Des interviews qui coïncident avec l'offensive médiatique d'Emmanuel Macron, invité du 13h de TF1 jeudi et de BFMTV et Mediapart dimanche soir.

On pourrait croire qu'avec le temps, les tensions s'apaisent. Entre les deux hommes, c'est le contraire. La dernière pique de François Hollande à l'encontre de son successeur est citée par Le Monde:

"Il n'a pas pu se préparer [à être président], sauf les deux dernières années", aurait lancé l'ancien président. "Comment passer du statut de citoyen au statut de président en si peu de temps? Du coup, il surjoue la fonction. Je dirais même qu'il joue au président".

"Emmanuel est un enfant"

Une petite phrase qui est loin d'être la première. En juillet 2017, Emmanuel Macron n'est que depuis deux mois au pouvoir. Son gouvernement attaque le budget voté par l'équipe précédente et le qualifie "d'insincère". Le chef de l'Etat ne défend pas son prédécesseur, bien au contraire: il prend soin d'afficher ses distances. Durant l'été, il rend visite au couple Sarkozy, à Valéry Giscard d'Estaing, à Jacques Chirac. François Hollande est laissé de côté. Piqué au vif, celui-ci sort de sa réserve en août à propos de la loi Travail pour mettre en garde contre des sacrifices demandés aux Français "qui ne sont pas utiles".

C'est le début d'une série d'échanges tendus. Emmanuel Macron répond une semaine plus tard dans Le Point en enjoignant son ancien patron à ne pas "justifier son bilan devant les journalistes". Puis il évoque à de nombreuses reprises la "présidence bavarde" qu'il veut à tout prix éviter - une référence à François Hollande qui parlait volontiers à la presse. Il s'applique à ne pas dissiper certaines ambiguïtés, comme lorsqu'il fustige les "fainéants" qui n'auraient pas assez réformé ces cinq dernières années.

François Hollande ne manquera pas de sortir à nouveau de son silence, cette fois pour critiquer la gestion du dossier kurde et syrien par le chef de l'Etat. Sur la forme aussi, il se moque: lorsqu'Emmanuel Macron lit un extrait de Pierre et le Loup début mars, il dit de lui le lendemain, moqueur: "Emmanuel est un enfant". Entre les deux hommes, les échanges d'amabilités sont devenus une figure de style.

A. K.