Au PS, les candidatures s'accumulent pour reconstruire un parti en ruines

Très affaibli, le PS fait pourtant toujours l'objet de convoitises: plusieurs cadres du parti sont en lice pour en prendre la tête.

Si le PS est à terre, les ambitions sont elles, bien vivaces. Les jours à venir vont être déterminants pour l'avenir du parti: les prétendants au poste de premier secrétaire ont jusqu'au 27 janvier pour se déclarer, avant l'élection du 29 mars. Le premier en lice était le sénateur-maire d'Alfortville, Luc Carvounas, ancien proche de Manuel Valls. Mardi matin sur notre antenne, après quelques semaines de suspense, Stéphane Le Foll lui a emboîté le pas: l'ancien ministre de l'Agriculture, ami de François Hollande, sera bien candidat à la tête du PS.

Une annonce qui a suscité un accueil enthousiaste des "hollandais" historiques, mais fait grincer des dents le trésorier du parti, Jean-François Debat:

"La refondation du Parti socialiste et de la gauche ne passera pas par des parcours individuels, mais par le retour du collectif et un vrai renouvellement. On ne bâtira pas l'avenir sur le passé. Chacun de ceux qui 'y pensent' devraient y songer avant de 'se lancer' seuls...", a ironisé sur Twitter ce membre de la direction collégiale du PS.

Et "ceux qui y pensent" sont encore nombreux. Rachid Temal, proche de Jean-Christophe Cambadélis et devenu coordinateur du PS jusqu'au congrès, avance prudemment ses pions. Mais il pose une condition à son éventuelle candidature: "[elle] ne serait entendable que si je proposais un projet concret", a-t-il avancé sur Sud Radio.

Le désistement de Vallaud-Belkacem a ouvert des espaces

Le désistement de Najat Vallaud-Belkacem, qui a décidé début janvier de s'éloigner de la politique, a ouvert des espaces inespérés. Jusqu'alors, Olivier Faure, qui avait annoncé que son groupe de "quadras" proposerait une candidature commune, semblait soutenir l'ancienne ministre de l'Education. Il a finalement décidé de se lancer ce mardi soir, au cours du bureau national du Parti socialiste. Il a ainsi annoncé sa candidature devant cent personnes parmi elles figuraient justement Rachid Temal, mais aussi François Rebsamen, Laurence Rossignol, Kader Arif et Patrick Kanner. 

Il devrait retrouver sur la ligne de départ Emmanuel Maurel. Début janvier, le député européen a confirmé au Point sa future candidature. Représentant de l'aile gauche du parti, il avait soutenu Arnaud Montebourg à la primaire du PS, puis Benoît Hamon. Mais plutôt que de suivre le candidat malheureux dans son mouvement Génération.s, il préfère tenter de changer le PS de l'intérieur. Une deuxième tentative, après celle de 2012: au congrès de Toulouse, il n'avait récolté que 27,48% des voix face à Harlem Désir.

Outre ces cinq hommes, l'éternel homme de l'ombre du PS, Julien Dray, pourrait lui aussi se lancer. "J'y pense, et pas simplement en me rasant", a lancé le conseiller régional d'Ile-de-France sur France inter, franceinfo et Le Monde dimanche, tout en reconnaissant qu'il était "trop tôt" pour parler d'une décision définitive. 

Un travail idéologique important à fournir

Quel que soit l'élu à la tête du PS, il aura fort à faire pour redresser son parti. D'un point de vue matériel, d'abord: le PS est en train de se séparer de son siège historique de la rue de Solférino, à Paris, et avec lui de la moitié des salariés qui le faisaient fonctionner. Les budgets ont été drastiquement réduits et, depuis juin dernier, le parti ne compte plus que 29 députés. 

Au niveau idéologique aussi, la tâche n'est pas des moindres. En région, des cadres réclament de "nouvelles orientations davantage en prise avec la réalité". D'autres, comme l'ancien frondeur Christian Paul, appellent de leurs voeux un inventaire du quinquennat précédent. "Le bilan de François Hollande n'a pas même été discuté, ni même mis en cause", note le spécialiste du PS Rémi Lefebvre, cité par Les Echos. "Comme si le PS, paralysé (…) avait peur de liquider le peu qu'il lui reste". 

Ariane Kujawski