BFMTV
Parti communiste français

Présidentielle 2027: pas encore candidat, Fabien Roussel avance ses pions

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, à Saint-Amand-les-Eaux, ville du Nord dont il est maire depuis quelques mois, le 30 janvier 2025

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, à Saint-Amand-les-Eaux, ville du Nord dont il est maire depuis quelques mois, le 30 janvier 2025 - FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Le patron du PCF publie un ouvrage dans lequel il prône la fin du RSA et la mise en place d'une "Sécurité sociale de l'emploi et de la formation". L'ex-député du Nord, devenu maire de Saint-Amand-les-Eaux, se dit "en campagne pour le travail" sans se déclarer à nouveau candidat à l'élection présidentielle.

Fabien Roussel a-t-il des fourmis dans les jambes? Officiellement, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) n’est pas candidat pour la prochaine élection présidentielle, en 2027. Mais il reconnaît ce mercredi 23 avril être "en campagne", à la veille de la publication de son ouvrage, Le parti pris du travail.

C’est au nom de ce sujet que l’ex-député du Nord, battu aux dernières élections législatives par l’extrême droite - qui a mis fin à plus de soixante ans d’hégémonie communiste dans sa circonscription - se lance.

"Ce livre est une déclaration d'amour pour les travailleurs", présente-t-il sur France Inter, appelant à bâtir "une France par le travail, par l'emploi, par la formation des générations qui vont arriver sur le marché". Mais aussi à "produire plus, investir dans les services publics, être indépendant en matière énergétique".

Sans franchir totalement le Rubicon, le désormais maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) dit souhaiter que "ce programme soit candidat". Mais, à gauche, l'approbation est loin d'être garantie. Car le Fabien Roussel qui avait opposé "la gauche du travail" à celle "des allocs" lors de la Fête de l’Humanité en 2022 - une position largement critiquée par le reste de la gauche - ressort de sa boîte.

Dans son livre, il répète sa volonté de supprimer le RSA. "Je ne m'en prends pas aux bénéficiaires, mais le RSA, qui existe depuis quarante ans, s'est institutionnalisé et il nourrit au goutte-à-goutte la pauvreté de 2 millions de personnes. Il faut se fixer un cap de cinq ans pour supprimer le RSA, éradiquer le chômage, en garantissant à chacun un travail et un salaire", précise-t-il auprès du Parisien.

Dans le détail, le communiste souhaite "créer une Sécurité sociale de l'emploi et de la formation". Autrement dit, "un nouvel organisme, financé par les cotisations sociales et les budgets liés au chômage, qui fera que chaque chômeur pourra exiger d'obtenir un travail ou une formation dans son domaine professionnel et là où il habite, sans perte de salaire".

"Je ne sacrifierai pas la France sur un accord de coin de table"

Avec ses propositions, Fabien Roussel entend bien peser avant la course pour l'Élysée. Questionné sur l'éventualité d'une primaire à gauche, il défend les singularités de son parti. Loin de l'entrain des responsables politiques qui prônent l'union.

À savoir, pour l'essentiel, Marine Tondelier, réélue secrétaire nationale des Écologistes ce week-end, ainsi que son homologue socialiste Olivier Faure, qui devra aussi en passer au printemps par un congrès, dont l'issue s'annonce plus incertaine.

"Je ne sacrifierai pas la France sur un accord de coin de table dans lequel on sacrifierait la politique énergétique où il faudrait abandonner le nucléaire", prévient ainsi le patron du PCF sur les ondes de France Inter. Une pierre dans le jardin des insoumis et des écologistes.

Fabien Roussel lance un autre avertissement, peut-être plutôt adressé aux socialistes et aux écologistes: "Sur la paix, nous ne nous engagerons pas non plus pour un pays qui aurait une politique va-t-en-guerre, prêt à aller faire la guerre à Moscou."

Et de souligner, dans la foulée que, "sur la politique internationale" et "industrielle", il est "beaucoup plus proche" de l'ancien Premier ministre de droite Dominique de Villepin "que de certains à gauche". Allant même jusqu'à proposer d'"ouvrir la primaire à gauche" à ce dernier. Une réelle volonté ou une provocation?

S'il ne s'aligne pas sur les discours de Marine Tondelier ou d'Olivier Faure, Fabien Roussel assure toutefois dans Le Parisien qu'il est favorable à une candidature commune de la gauche en 2027. Mais répète son opposition à "une union de façade ou qui met de côté les désaccords fondamentaux".

En 2022, l'élu de 56 ans s'était lancé dans la course pour la première fois, rompant avec le soutien accordé par sa formation à Jean-Luc Mélenchon en 2012 et 2017. Sans parvenir à tirer son épingle du jeu, sa candidature ayant récolté 2,28% des voix au premier tour.

Baptiste Farge