"Une honte": le ministre de la Mer et de la Pêche répond à une question sur un naufrage de migrants, colère à gauche

Un choix qui ne passe pas. Alors que se tient ce mardi 26 novembre les questions au gouvernement à l'Assemblée la nationale, la députée GDR Elsa Faucillon (Gauche Démocrate et Républicaine) a interpellé l'exécutif sur les naufrages survenus dans la Manche, trois ans après la mort de 27 migrants près de Calais.
"Les années passent, les naufrages se multiplient, 72 personnes sont mortes en 2024, c'est plus que le total des cinq dernières années réunies. Alors, à l'indifférence quasi-générale, faisons entendre leur nom", a déclaré la députée avant de citer le prénom des victimes.
"Ils ne sont pas des accidents, pas non plus, monsieur le ministre de l'Intérieur, de vulgaires conséquences néfastes, mais le résultat de dizaines d'années de politiques migratoires répressives faisant de l'Europe une forteresse ceinturée d'une mer de sang", a poursuivi Elsa Faucillon.
Dénonçant les accords du Touquet conclus avec le Royaume-Uni et des "agissements illégaux de certaines forces de l'ordre à l'égard d'embarcation", la députée a demandé enfin en urgence une commission d'enquête.
"Honte à vous!"
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet donne alors la parole à Fabrice Loher, ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche. Alors que celui-ci commence à répondre à Elsa Faucillon, un brouhaha se fait entendre. Yaël Braun-Pivet est alors obligée d'intervenir pour demander le silence.
"La priorité du gouvernement est la répression déterminée et implacable des réseaux criminels qui tirent profit de ces tentatives de traversée et ceci se fait notamment sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur. Ce sont 280 passeurs qui ont été arrêtés depuis le début de l'année", déclare Fabrice Loher, non sans le bruit des députés de gauche.
André Chassaigne, président du groupe GDR à l'Assemblée nationale, s'insurge alors du choix du ministre pour répondre à cette question liée à la crise migratoire: "c'est une honte que ce soit le ministre de la Mer et de la Pêche qui réponde sur les drames des naufragés de migrants. Honte à vous!". Le député reçoit alors les ovations de la gauche dans l'hémicycle.
Quelques minutes plus tard, la présidente du groupe Écologiste et Social Cyrielle Châtelain prend la parole et commence son intervention en revenant sur l'incident survenu plus tôt.
"Monsieur le Premier ministre Je tenais d'abord à vous faire part de mon indignation quant à votre choix de faire répondre le ministre de la Pêche sur la question de la protection des migrants", a-t-elle lancé avant de poser sa question sur le mandat d'arrêt émis par la CPI contre Benjamin Netanyahu.
Michel Barnier évoque un "malentendu"
Michel Barnier a alors pris la parole et s'est défendu sur le choix de Fabrice Loher pour répondre à la question de la députée Elsa Faucillon.
"On peut toujours faire des polémiques", a-t-il d'abord déclaré. "Nous avons pensé à l'intitulé de la question, c'est quelques fois assez sommaire, qu’il s’agissait de sauvetages en mer, voilà pourquoi c'est le ministre en charge de la Mer (...) des secours en mer qui a répondu à cette question".
"Ça ne sert à rien de s’énerver, de polémiquer pour des questions aussi graves", a poursuivi le chef du gouvernement, rendant hommage à "toutes les personnes, hommes et femmes, qui risquent leur vie pour sauver des marins et de naufragés."
Sur X, le ministre Fabrice Loher a assuré que les moyens de son administration "sont engagés dans les opérations de sauvetage en Manche. Je le redis, sur ce sujet, l’État avance sur deux fronts, lutte contre les réseaux criminels à terre et sauvetage inconditionnel en mer."
"Au-delà de ce qui pourrait être un malentendu, le ministre Bruno Retailleau, en charge des questions de l'immigration est tout à fait en action sur cette question", a encore assuré le Premier ministre. Michel Barnier a enfin plaidé pour des solutions "fermes, humaines, précises, bilatérales entre le Royaume-Uni et la France" pour cesser les naufrages de migrants.