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Parlement

"Pas un lieu de mise en scène": Yaël Braun-Pivet rappelle les règles de l'Assemblée à un média d'extrême droite

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet intervient dans l'hémicycle, Paris, le 16 décembre 2024

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet intervient dans l'hémicycle, Paris, le 16 décembre 2024 - GEOFFROY VAN DER HASSELT © 2019 AFP

Plusieurs journalistes du média identitaire Frontières ont été exfiltrés d'un rassemblement de collaborateurs parlementaires qui se tenait ce mercredi 9 avril à l'Assemblée nationale après des incidents. Yaël Braun-Pivet les a appelés "à respecter les règles de comportement nécessaires à la sérénité des débats parlementaires".

Les journalistes du média identitaire Frontières vont recevoir du courrier de la présidente de l'Assemblée nationale. Yaël Braun-Pivet a "fermement" condamné ce mercredi 9 avril sur X les "incidents" qui se sont produit quelques heures plus tôt dans l'enceinte du Palais Bourbon.

"L'Assemblée nationale n'est pas un lieu de mise en scène ni de provocations", a rappelé Yaël Braun-Pivet sur X.

"Doivent être respectées des règles de comportement qui sont nécessaires à la sérénité des débats parlementaires" a-t-elle martelé dans un communiqué, précisant qu'elle veillera de "façon ferme et équilibrée" à leur respect. Elle enverra notamment un courrier au média pour les rappeler.

"C'était le loup dans la bergerie"

La présidente de l'Assemblée nationale s'est exprimée sur les réseaux sociaux après l'exfiltration de plusieurs journalistes du média Frontières lors d'un rassemblement de collaborateurs parlementaires au sein de l'institution.

Ce rassemblement était organisé dans les jardins à deux pas de la salle des Quatre Colonnes, à l'appel notamment de la CGT, après la publication d'un dossier de ce média intitulé "LFI le parti de l'étranger". Selon une tribune de syndiqués à la CGT-CP publiée dans le journal l'Humanité, est dressée dans ce dossier "une cartographie des collaboratrices et des collaborateurs" de députés de La France insoumise, "fichant ainsi des dizaines" d'entre eux.

Lors du rassemblement organisé ce mercredi, trois journalistes de Frontières, accrédités à l'Assemblée, y ont été identifiés. "Frontières, casse-toi, l'Assemblée n'est pas à toi", ont lancé certains manifestants.

"Au bout d'un moment ça a chauffé, on leur a dit qu'il faut partir maintenant", a plus tard déclaré le député socialiste Arthur Delaporte. "Ils étaient en train de filmer des gens, les collaborateurs. C'était le loup dans la bergerie, c'était choquant."

Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un député communiste, Jean-Paul Lecoq, semble essayer d'écarter ou abaisser le téléphone de l'un d'eux, avant leur exfiltration.

Une plainte déposée par Frontières

Le média Frontières a annoncé dans un communiqué "condamner les actes" de plusieurs députés qui "portent atteinte à la liberté de la presse" et porter plainte.

"Louise Morice et Jordan Florentin qui ont été agressés par des députés NFP ont une carte de presse", a critiqué sur X le directeur de Frontières Erik Tegnér. "Ils sont rentrés légalement en suivant toute la procédure pour faire leur travail de journalistes à l'Assemblée nationale."

Une position également défendue par Jordan Bardella. "Les députés d'extrême gauche s'en prennent à la liberté de la presse, en menaçant physiquement des journalistes de Frontières", a réagi sur X le président du Rassemblement national.

Des "sanctions" contre les députés?

À la reprise des débats dans l'hémicycle après les incidents, les députés ont opposé leurs versions de la scène dans une série de rappels au règlement : "il n'y a pas eu de violences. Les images en feront la démonstration", a lancé Emmanuel Grégoire (PS).

"J'ai vu les députés en question bousculer les journalistes et me bousculer aussi", a affirmé en retour la députée UDR Hanane Mansouri, son groupe et le RN demandant des "sanctions" contre les députés de gauche.

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a elle dénoncé les "méthodes" du média, l'accusant de mettre "des cibles sur nos collaborateurs et collaboratrices".

Emilie Roussey avec AFP