Loi immigration: la gauche dénonce "le naufrage politique" des macronistes qui ont "cédé" à l'extrême droite

Lors des débats en Commission mixte paritaire (CMP) sur la loi immigration, les parlementaires de la majorité ont réussi à faire l'unanimité contre eux à gauche. Ce lundi 18 décembre, les députés et sénateurs PCF, EELV, LFI et PS ne mâchaient pas leurs mots contre leurs collègues de la majorité présidentielle, affirmant que ces derniers ont "cédé" au Rassemblement national et à l'extrême droite.
Car les parlementaires tentent de trouver un accord avec Les Républicains lors de la CMP, dont les discussions reprendront à 10h30 ce mardi 19 décembre après plusieurs heures de débat lundi. Lors de ces débats à huis-clos, la majorité présidentielle a trouvé des points d'entente avec LR, même si les négociations ont pâti d'un différend inattendu sur les allocations familiales.
La droite veut conditionner les prestations sociales à cinq ans de présence sur le territoire (30 mois pour ceux qui travaillent), y compris les aides personnalisées au logement (APL), que la majorité souhaite au contraire voir échapper à ces restrictions
"Un reniement moral"
"La majorité a cédé sur toutes les lignes rouges et a dépassé les lignes bleu marine", a dénoncé devant les journalistes le président du groupe socialiste Boris Vallaud, membre de la CMP, quand son collègue insoumis Manuel Bompard déplore "le ralliement indigne de la macronie au programme des Le Pen".
"Ils ont abandonné tous leurs principes et tout cédé pour rien. C’est un échec politique et une déchéance morale. Le texte doit être retiré", plaide le proche de Jean-Luc Mélenchon.
Toujours chez les insoumis, Mathias Tavel fait une comparaison entre la loi immigration défendue par Emmanuel Macron et la déchéance de nationalité proposée par François Hollande en 2015. " Un reniement moral et un naufrage politique", résume le député LFI de Loire-Atlantique. Une opinion partagée par l'élu de la Somme François Ruffin.
"Il n'y a pas un seul sujet depuis le début de la discussion sur lequel les macronistes ont tenu bon", a également déploré devant les journalistes le sénateur communiste de Paris Ian Brossat, membre de la CMP.
"Il y a un alignement de la macronie sur la droite et l'extrême droite", dénonce-t-il. "Qu'ils ne nous fassent pas croire qu'ils ont des principes ou des lignes rouges!"
"On se réjouit que ce texte reprenne un nombre considérable de propositions de Marine Le Pen", a reconnu la députée Rassemblement national Edwige Diaz.
Virage très droitier
Pour Emmanuel Macron, qui avait prôné vendredi "un compromis intelligent" et a reçu lundi Elisabeth Borne à déjeuner, l'examen du projet de loi immigration est une étape cruciale de son second quinquennat.
Après l'adoption surprise d'une motion de rejet le lundi 11 décembre, qui a mis fin aux débats à l'Assemblée, le chef de l'Etat avait décidé de confier à une CMP la recherche d'un texte qui contente à la fois son camp et la droite.
Pour décrocher un accord, il a dû entériner un net virage à droite au risque de désunir le camp présidentiel. Notamment avec les concessions sur les allocations, destinées à rendre le modèle social français moins attractif mais qui pourraient braquer l'aile gauche de la majorité et font dire au leader communiste Fabien Roussel que les macronistes "perdent leur âme" en faisant "le choix de défendre la préférence nationale".
"L’heure est assez grave pour en appeler à un sursaut républicain dans le camp Macroniste", plaide désormais l'insoumis Eric Coquerel.