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Parlement

Les députés examinent le texte pour élever Alfred Dreyfus au rang de général de brigade, divergences dans le bloc central

Le chef des députés de Renaissance, Gabriel Attal, à l'Assemblée nationale le 29 mars 2025

Le chef des députés de Renaissance, Gabriel Attal, à l'Assemblée nationale le 29 mars 2025 - Ludovic MARIN / AFP

Déposé par Gabriel Attal, ce texte arrive dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale ce lundi. Des députés du Modem ont alerté contre une potentielle instrumentalisation de certains partis, visant le Rassemblement national et La France insoumise.

Une proposition de loi dont le sort semble connu à l'avance, même si elle crispe une partie du bloc central. Les députés examinent ce lundi 2 juin le texte déposé par le patron des députés Renaissance, Gabriel Attal, qui vise à élever le capitaine Alfred Dreyfus à titre posthume au grade de général de brigade.

Cette mesure "constituerait un acte de réparation, une reconnaissance de ses mérites et un hommage rendu à son engagement républicain", peut-on lire dans l'exposé des motifs de cette initiative parlementaire.

Condamné à tort en 1894 pour espionnage au profit de l'Allemagne, sur fond d'antisémitisme, puis contraint à l'exil sur l'île du Diable au large de la Guyane, Alfred Dreyfus - de retour dans l'Hexagone en 1899 - avait vu son jugement être définitivement annulé en 1906.

Réintégré dans l'armée française, ce dernier ne l'avait pas été au rang auquel il aurait eu le droit si son temps de détention avait été intégré au calcul de son ancienneté.

Des réticences au Modem

Cette proposition de loi a toutes les chances d'être adoptée en première lecture, comme la semaine dernière lors de son passage en commission de la Défense. Cependant, des députés Modem, dont le chef de file du groupe centriste Marc Fesneau, ont alerté contre une potentielle instrumentalisation de certains partis, visant le Rassemblement national et La France insoumise.

"Sous couvert d'honorer Alfred Dreyfus, certains cherchent à blanchir leur propre récit, leur propre histoire, ancienne ou plus contemporaine, et s'approprient une figure dont, de fait, ils combattent ou ont combattu les valeurs", ont-ils écrit dans une tribune publiée par Le Figaro.

Concernant le RN, "l'affaire Dreyfus, c'est l'affaire de l'extrême droite antisémite du tournant du siècle qui allait conduire au pire lors de la Seconde Guerre mondiale", soulignent les signataires, qui accusent ensuite LFI de nourrir "les passions les plus sombres", en "instrumentalisant à des fins électoralistes les conflits au Proche-Orient et la cause palestinienne".

En conclusion, les 28 députés Modem qui ont signé ce texte indiquent qu'ils "ne participeront pas aux débats".

"Cette tribune est incompréhensible", a réagi le rapporteur de la proposition de loi, Charles Sitzenstuhl (Renaissance), dans les colonnes du Parisien. "La composition de l'hémicycle est telle qu'elle est aujourd'hui, mais cela ne doit pas nous permettre de ne pas nous élever un peu en réparant une erreur, d'être au niveau de l'Histoire sur un sujet historique aussi important."

Au-delà du texte de Gabriel Attal, plusieurs initiatives parlementaires ont également été prises ces dernières années, par la droite à l'Assemblée et au Sénat, et plus récemment par le sénateur PS Patrick Kanner, en écho à une tribune mi-avril du premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, de l'ex-secrétaire général de l'Élysée Frédéric Salat-Baroux et du président de la maison Zola-Musée Dreyfus Louis Gauthier.

Baptiste Farge