"La France vend des armes à des pays pas très recommandables" admet un député LaREM

Jean-Charles Larsonneur, député LaREM membre de la commission Défense. - Capture d'écran France 5 - Youtube
La France est dans l'embarras, après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khasshoggi. Alors que de plus en plus de voix se lèvent pour boycotter les ventes d'armes à Ryad, Paris botte en touche. Pire, au sein de la majorité certains néo-députés sont mal à l'aise avec les habitudes françises.
En témoigne une étonnante séquence tirée d'un documentaire signé Anne Poiret pour France 5, "Mon pays fabrique des armes". Dans un extrait diffusé mardi, un député LaREM se liquéfie face aux questions sur de la journaliste sur la vente d'armes de la France à certains pays. Particulièrement embarrassé, Jean-Charles Larsonneur finit par concéder, hors caméra, que la France vend des armes "à des pays pas très recommandables".
"L'absence de débat pose vraiment question"
Le député du Finistère connaît pourtant bien son sujet. En tant que membre de la commission Défense, il suit l'équipement des forces françaises et il est régulièrement en contact avec les industriels de l'armement. Pourtant dès le début de la séquence, le député perd pied.
Interrogé au sujet du rapport sur les exportations d'armement (reçu par les parlementaires chaque année), il confesse d'abord ne pas l'avoir lu. Puis lorsque la journaliste l'interroge sur le type d'armes que vend la France à l'Arabie Saoudite, puis sur les armements français retrouvés au Yémen, Jean-Charles Larsonneur est totalement décontenancé.
Sans exportations, "on perd notre souveraineté"
Dans la suite de la séquence, Jean-Charles Larsonneur ramène le rapport sur l'armement français sur le devant de la table, avant de s'embourber une nouvelle fois. Puis, hors caméra, mais toujours équipé d'un micro, il concède que la France vend ses armes "à des pays pas recommandables".
"Si on n'a plus d'exportations, on n'a plus d'industrie de défense donc on perd notre souveraineté en terme d'outil militaire" explique le député de Brest. "Mais c'est cornélien en réalité. Parce qu'effectivement, on vend à des pays pas très recommandables"
"L'absence de ce débat en tant que tel en France pose vraiment question" confie encore Jean-Charles Larsonneur. "Je trouve que vous avez un bon sujet, j'aimerais être à votre place...", dit-il encore après avoir reconnu que le manque de contrôle de l'Assemblée sur ces ventes est total.
Mais le président de la République lui-même est-il à l'aise avec la question? Son silence, à l'heure actuelle, est assourdissant. "Mon agenda n’est pas dicté par les médias, que ça vous plaise ou non", a-t-il répondu à un journaliste venu l’interroger à l’occasion de sa visite au salon de l’aéronautique du Bourget.
"Ce n’est pas parce qu’un dirigeant dit quelque chose que je suis censé réagir à chaque fois, a-t-il ajouté en référence à la déclaration d’Angela Merkel sur ce même sujet. "Et donc, je ne vous répondrai pas".