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Des liens entre LFI et les islamistes? LR reporte le choix du président de la commission d'enquête plutôt que de nommer... Aymeric Caron

Le député Aymeric Caron à l'Assemblée nationale le 18 juillet 2023

Le député Aymeric Caron à l'Assemblée nationale le 18 juillet 2023 - BFMTV

Le député apparenté LFI Aymeric Caron pourrait être élu à la tête d'une commission d'enquête sur des supposés liens entre des "mouvements politiques" et "des réseaux islamistes", visant clairement la formation insoumise.

Où est passée l'élection du président de la commission d'enquête sur La France insoumise? Prévu ce mardi 8 juillet après-midi, le vote a été renvoyé à septembre, à la rentrée des vacances parlementaires.

Pour Aymeric Caron, seul candidat déclaré pour le poste, "les LR l'ont fait reporter à septembre, pour essayer de trouver un moyen d'empêcher (son) élection comme président de la commission, comme cela s'annonçait".

Comme le rappelle de son côté Florent Boudié, président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, "l'organisation des commissions d'enquête relève de leurs membres" qui "sont libres de définir leur calendrier".

Cette commission d'enquête a pour objectif d'examiner "les liens" entre des partis politiques et "des organisations et réseaux soutenant l'action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste". Une idée de Laurent Wauquiez qui vise clairement à cibler La France insoumise.

Problème pour la droite: la présidence d'une commission anti-LFI aurait pu revenir à... un député de ce camp, Aymeric Caron étant député apparenté LFI et fondateur du mouvement Révolution pour le vivant.

Pas de candidat d'opposition

La présidence d'une commission d'enquête doit obligatoirement revenir à quelqu'un d'un groupe de l'opposition à l'Assemblée nationale, elle ne peut donc échoir à un membre du "socle commun" à savoir la macronie et LR.

Le Rassemblement national et l'Union des droites pour la République (le parti d'Éric Ciotti) ont tous deux refusé de présenter un candidat. Du côté de la gauche, seule la députée socialiste Sophie Pantel avait un temps accepté la présidence de la commission, avant de démissionner aussitôt élue le 2 juillet dernier.

Ne reste, en somme, plus qu'Aymeric Caron. Et cela pose problème à Laurent Wauquiez et son groupe à l'Assemblée nationale.

"On a tout l'été pour prendre cette décision"

Se donnant l'été pour trouver un plan d'attaque, La Droite républicaine se démène pour convaincre un député d'opposition de candidater et éviter qu'une commission visant à attaquer LFI ne soit présidée par un député de ce même camp.

"Vous avez des formations politiques, je pense à l'UDR et au RN, qui toute la journée vous expliquent qu’ils sont des patriotes et qu’ils luttent contre ce type d’idéologie, et qui là aujourd’hui, pour uniquement des questions politiciennes -en gros, embêter les LR, que les LR ne prennent pas la lumière sur ce genre de combat- vont ne pas prendre part au vote et laisser potentiellement Caron (être élu)", a déploré Vincent Jeanbrun, le rapporteur LR de cette commission, sur SudRadio, dans des propos rapportés par Libération.

La droite cherche notamment du côté des députés Liot, à défaut de convaincre du côté du PS. "On a tout l'été pour prendre cette décision et on votera en septembre", a ajouté Vincent Jeanbrun.

Sur le réseau social X, Vincent Jeanbrun assure néanmoins ce mardi soir que le report de la nomination du président est lié au décès du député LR Olivier Marleix. "Notre groupe a demandé à la Présidente de l'AN de reporter suite au deuil qui nous a touché hier avec la perte d'un de nos collègues. C'est pour cela et uniquement pour cela", assure-t-il.

Une commission d'abord rejetée

La Droite républicaine a fait de cette commission l'un de ses chevaux de bataille. Pour Vincent Jeanbrun, "les Français doivent savoir qu’un bulletin LFI dans l’urne, c’est un soutien aux béats du Hamas et des fréristes", avait-il déclaré dans les colonnes du Figaro ce jeudi.

La première proposition de résolution de Laurent Wauquiez avait été retoquée, car elle ciblait trop spécifiquement LFI mais il était revenu à la charge avec une version remaniée.

L'Assemblée nationale avait finalement validé le mercredi 18 juin la création d'une commission d'enquête. Si la première mouture visait dans son exposé des motifs "des liens de complaisance et de soutien entre des élus de la République, essentiellement issus de La France insoumise, et des réseaux islamistes voire terroristes", la seconde se contente de mentionner "des représentants de mouvements politiques".

Salomé Robles et Marie-Pierre Bourgeois