Cahuzac: la commission d'enquête n'entendra pas Ayrault

Jérôme Cahuzac devant la commission d'enquête parlementaire mardi 23 juillet - -
La majorité socialiste de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac a rejeté mercredi une nouvelle fois la demande d'audition de Jean-Marc Ayrault, provoquant la colère de l'opposition qui a décidé de suspendre sa participation à ses travaux.
La veille, l'absence de "souvenir" de l'ex ministre du Budget concernant un échange le 16 janvier à l’Élysée avec le président François Hollande, Jean-Marc Ayrault et le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, évoqué pourtant par ce dernier, avait conduit des membres UMP de la commission d'enquête à réitérer leur demande d'audition du chef du gouvernement.
Au terme, selon des participants, d'une heure et demie de discussion à huis clos, la décision de ne pas auditionner le Premier ministre a été prise par dix voix contre huit.
"Une situation invraisemblable"
Fureur alors des membres UMP de la commission qui ont quitté la salle et n'ont pas participé au vote sur la question d'entendre ou non conjointement Jérôme Chazac et son ancien ministre de tutelle, Pierre Moscovici. Le rejet de cette audition commune a alors été acquis à une plus large majorité.
Aussitôt, le président des députés UMP, Christian Jacob, a annoncé que les membres UMP de la commission suspendaient leur participation aux travaux de la Commission. Et cela, a précisé son entourage, tant que l'audition de Jean-Marc Ayrault ne serait pas décidée.
"On est dans une situation invraisemblable où la garde des Sceaux dit sous serment qu'elle n'avait pas d'informations sur l'instruction de l'affaire Cahuzac, or démonstration est faite que le procureur général lui a fait passer toutes les informations", s'est exclamé Christian Jacob dans les couloirs de l'Assemblée.
Il faisait allusion aux affirmations du Canard enchainé selon lequel Christiane Taubira était informée très régulièrement de l'état d'avancement de l'instruction de l'affaire Cahuzac.
"Une décision extrêmement grave"
"La majorité vient de prendre une décision extrêmement grave en refusant d'auditionner le Premier ministre", a déclaré l'UMP Daniel Fasquelle. "Nous avons décidé de suspendre notre participation aux travaux de la commission tant que nous n'aurons pas entendu le Premier ministre."
"Je dénonce l'esprit de fermeture du groupe socialiste qui s'est opposé à l'audition de Jean-Marc Ayrault comme s'il y avait des chose à cacher", a déclaré le député UDI, Hervé Morin.
Gérard Darmanin (UMP) est allé au delà en annonçant sa démission pure et simple de la commission d'enquête, car, a-t-il expliqué dans un communiqué, "en s'opposant à l'audition du Premier ministre, la majorité socialiste refuse que la vérité soir révélée dans l'affaire Cahuzac". Dénonçant un "déni de démocratie", il a "déploré un moment grave pour nos institutions".