BFMTV
Politique

Nicolas Sarkozy rééquilibre le gouvernement sans le bouleverser

Xavier Darcos fait les frais de la défaite de la droite aux élections régionales et quitte le gouvernement dans le cadre d'un remaniement gouvernemental qualifié de "technique" par l'Elysée. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler

Xavier Darcos fait les frais de la défaite de la droite aux élections régionales et quitte le gouvernement dans le cadre d'un remaniement gouvernemental qualifié de "technique" par l'Elysée. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler - -

par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou PARIS - Nicolas Sarkozy a choisi lundi Eric Woerth pour conduire la réforme des retraites comme ministre du...

par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a choisi lundi Eric Woerth pour conduire la réforme des retraites comme ministre du Travail à la place de Xavier Darcos, qui fait les frais de la défaite de la droite aux élections régionales.

Le chef de l'Etat a aussi tiré les premiers enseignements de ce revers cinglant en faisant entrer au gouvernement des élus UMP jusqu'ici très critiques à l'égard de son action.

Le chiraquien François Baroin succède à Eric Woerth au ministère du Budget, tandis que le député UMP Georges Tron, fidèle de l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, devient secrétaire d'Etat à la Fonction publique.

Ce rééquilibrage est complété par le départ volontaire d'un symbole de l'ouverture à gauche, le Haut commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse Martin Hirsch, dont les fonctions sont reprises par l'UMP venu du centre Marc-Philippe Daubresse, qui aura rang de ministre.

Dans un communiqué, l'UMP s'est félicité de ce remaniement limité "qui témoigne de la volonté de l'exécutif de rassembler toutes les sensibilités de la majorité présidentielle".

Il intervient à la veille d'une réunion des députés UMP qui s'annonce houleuse et avant une prise de parole prévue jeudi de Dominique de Villepin qui, selon ses proches, entend créer un nouveau mouvement politique qui risque de gêner Nicolas Sarkozy.

Xavier Darcos fait figure de principale victime de la défaite de l'UMP et de ses alliés aux régionales.

LE VENT MAUVAIS DES DÉFICITS

Pour le président de la République, le ministre du Travail sortant, tête de liste de la majorité présidentielle en Aquitaine - région qui était au demeurant réputée ingagnable par l'UMP - a été trop lourdement battu pour être en mesure de conduire la délicate refonte des retraites.

L'Elysée a indiqué qu'il serait appelé prochainement à d'autres responsabilités non précisées.

Gardien de l'orthodoxie financière au Budget, Eric Woerth aura besoin de tous ses talents de négociateur pour mener à bien ce que Nicolas Sarkozy a présenté comme la réforme phare de 2010, celle des retraites.

Il conservera la supervision de la Fonction publique, qui lui était déjà rattachée à Bercy.

Avec François Baroin, c'est un proche de l'ancien président Jacques Chirac qui entre au gouvernement. Même s'il n'est pas le plus virulent des anti-sarkozystes au sein de la droite, le député-maire de Troyes, dans l'Aube, a toujours su faire entendre sa différence.

A l'instar de nombreux députés de base UMP, il n'a pas hésité à critiquer entre les deux tours des régionales l'ouverture à gauche, lui attribuant en partie l'hémorragie des électeurs de droite.

Il a également dénoncé l'emballement des déficits publics qui font, selon lui, "souffler un vent mauvais sur la droite".

UNITÉ

Il a prôné pour y remédier "un coup de frein considérable" sur les dépenses et une augmentation de la fiscalité, en contradiction avec les engagements de Nicolas Sarkozy de ne pas augmenter les impôts.

"La majorité a besoin d'unité, d'ouverture et de rassemblement. Ce qu'a fait le président de la République, c'est de répondre à cet appel", a déclaré pour sa part sur i

Député maire de Draveil, dans l'Essonne, il avait vu une "grande victoire" dans la relaxe dont a bénéficié en janvier Dominique de Villepin au terme du procès des faux listings bancaires de la société Clearstream, dans lequel Nicolas Sarkozy était partie civile.

"Je souhaite juste que la majorité soit plus diverse. Je me sens en parfaite cohérence, mon souci c'est qu'on puisse redresser la barre" avant la présidentielle de 2012, a-t-il dit.

Dans une déclaration, Martin Hirsch a fait savoir qu'il avait souhaité quitter le gouvernement afin de poursuivre les combats qui lui tiennent à coeur "sous d'autres formes".

Nommé en mai 2007, l'ancien président d'Emmaüs France avait bataillé pour imposer, avec le soutien du chef de l'Etat, le revenu de solidarité active (RSA) en faveur des "travailleurs pauvres".

Il sera chargé de mettre en place, avant de la présider, l'agence du Service civique qui doit voir le jour en mai.

Edité par Yves Clarisse