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Nicolas Sarkozy peut être suspecté… la justice aussi

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Vous revenez sur la nouvelle affaire impliquant Nicolas Sarkozy, qui a été mis sur écoutes au printemps 2013 par deux juges d’instruction. Votre parti pris : Nicolas Sarkozy peut être suspecté… la justice aussi.

Le problème de cette affaire – qui la rend encore plus malsaine que les autres – est qu’à lire la presse, on ne sait pas si Nicolas Sarkozy est réellement soupçonnable d’un délit ou s’il est victime d’un acharnement. Ce qui est sûr, c’est qu’il est une cible. Le problème n’est pas qu’il soit ancien chef de l'Etat : il n’a plus d’immunité, enquêter sur lui est légal.

La question est de savoir si les soupçons qu’on agite contre lui sont fondés, plausibles, et surtout s’ils sont étayés par les enquêtes qui sont menées. Pour l’instant, Nicolas Sarkozy est observé, surveillé, écouté mais il n’est poursuivi dans aucun dossier. C’est-à-dire que plus on le cherche, moins on le trouve.

Que peut-on reprocher aux juges?

La loi autorise les écoutes quand on soupçonne un délit grave et c’est ce soupçon que l’écoute doit vérifier. Pour Nicoals Sarkozy, les juges évoquent le soupçon d’un prétendu financement par Kadhafi. Or rien n’a été établi dans cette affaire, qui ne se fonde que sur un document on-ne-peut-plus contesté et des témoignages contradictoires.

La loi dit aussi que tous les 4 mois, les écoutes ne peuvent être prolongées que si elles ont permis d’étayer le soupçon de départ. On se demande ce qui a conforté le soupçon contre Sarkozy : dans ce dossier libyen, tout le monde est mis sur écoute mais personne n’est mis en examen…

Il ne fallait pas intervenir?

Il peut y avoir eu des indiscrétions, voire des délits – l’enquête le dira mais cela ne légitime pas les écoutes puisque, par hypothèse, les juges ne l’ont su qu’en écoutant Nicolas Sarkozy et son avocat. Ce qui est en jeu, ce n’est pas la légalité formelle des écoutes mais leur légitimité factuelle. Les 400 avocats qui protestent ne sont pas devenus subitement sarkozistes.

Leur position n’est pas a priori plus corporatiste que celle des magistrats qui défendent le principe des écoutes. On postule que Nicolas Sarkozy s’alarmait de la saisie de ses agendas, versés au dossier Tapie. Peut-être qu’il s’en inquiète mais jusqu’ici il n’a pas été inquiété dans cette enquête non plus. En toute bonne foi, il est difficile de savoir si nous sommes face à des affaires fantastiques ou… fantasmatiques.

Mettons les points sur les i : est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir dans cette affaire une instrumentalisation de la justice contre Nicolas Sarkozy?

Tout le monde ressent un malaise, mais personne ne le dit parce que c’est Nicolas Sarkozy – et qu’il a lui-même une conception très intrusive des rapports entre pouvoir et justice.

François Hollande devait rompre avec ces pratiques mais sur la base de ces écoutes, on a viré le directeur de la PJ pour nommer un proche du PS ; et on a fait ouvrir par une procureur nommée par l’Elysée une enquête sur celui qui n’est pas seulement un ancien chef de l'Etat, mais aussi un futur candidat.

La justice est censée être aveugle avec les coupables ; on voudrait être sûr que dans cette affaire, elle ne souffre pas d’un coupable aveuglement.

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Hervé Gattegno