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Nicolas Sarkozy "n'a jamais cédé" face à l'opinion? Faux

Nicolas Sarkozy l'affirme sur Europe 1: il n'a jamais cédé à la rue.

Nicolas Sarkozy l'affirme sur Europe 1: il n'a jamais cédé à la rue. - Capture Europe 1

Nicolas Sarkozy n'aurait pas reculé. Face à l'attitude du gouvernement sur la loi Travail, le candidat à la primaire prône l'autorité. Et oublie un peu vite que lui aussi a cédé, plusieurs fois, à la pression populaire.

De l'autorité, encore de l'autorité, toujours de l'autorité. C'est en substance ce que promet Nicolas Sarkozy s'il est choisi par son camp lors de la primaire, puis élu à la présidence de la République en 2017. Au micro d'Europe 1 jeudi, l'ancien chef de l'Etat a vivement critiqué le gouvernement, affirmant qu'il se comporterait bien différemment s'il était président.

Selon lui, la loi Travail a été "vidée de son contenu" à cause des reculades successives de Matignon, échaudé par l'ampleur de la contestation populaire, et des manifestations qui se multiplient depuis plusieurs mois. Et Nicolas Sarkozy de demander :

"Voulez-vous me citer une seule fois où nous avons cédé devant la rue?"

Défi relevé. Plusieurs exemples prouvent que Nicolas Sarkozy à la mémoire courte. Lorsqu'il était président de la République, mais aussi après la fin de son mandat, il a lui aussi cédé à la pression populaire et fait marche arrière.

>> Les taxis roulent contre le gouvernement

C'était un projet du rapport Attali: libéraliser les taxis, déréglementer la profession et abandonner le système des licences pour augmenter le nombre de professionnels dans la capitale notamment. Le gouvernement passe la seconde, mais les taxis calent.

A plusieurs reprises, des centaines de véhicules défilent dans toute la France, bloquent la circulation, et demandent au gouvernement de renoncer à cette réforme qui, jugent-ils, menace leur profession. Les syndicats sont reçus à l'Elysée, et dans la foulée, François Fillon offre un enterrement de première classe au projet.

>> La réforme du lycée

Décembre 2008. Depuis des semaines, les lycéens battent le pavé contre la réforme Darcos. A Rennes, Nantes ou Brest, les défilés se multiplient, et des affrontements parfois violents avec les forces de l'ordre émaillent les fins de cortège. A Paris, Marseille ou Montpellier, des établissements sont bloqués, et rapidement, les organisations de parents d'élèves rejoignent le mouvement.

Xavier Darcos, alors ministre de l'Education nationale, annonce que la réforme de la seconde, qui doit entrer en application un an plus tard, est repoussée. Refusant d'être le "ministre de l'hésitation nationale", le ministre craint que l'opposition à son projet ne se radicalise. Nicolas Sarkozy approuve, et présentera, un an plus tard, un projet bien loin du texte initial.

>> Le ministère de l'identité nationale disparaît

C'était l'une des promesses phare de Nicolas Sarkozy pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2007. Reprendre le débat sur l'identité nationale au FN et lui accorder toute sa place avec un ministère attitré. L'idée est mise en oeuvre, et c'est Eric Besson qui hérite de la lourde tâche d'animer les débats.

Après des mois de discussions houleuses, de dérapages racistes et de sorties vivement critiquées de la part de ses ministres, ni le débat public, ni le ministère n'ont accouché d'aucune mesure concrète, ni d'aucune réforme d'envergure. En 2010, lors du remaniement, le poste d'Eric Besson est tout simplement supprimé.

>> L'abrogation de la loi Taubira

L'image avait fait parler. Devant salle emplie de militants de Sens Commun, mouvement satellite de la Manif pour Tous, Nicolas Sarkozy contourne, se défile, et finit par craquer: 

"Si vous préférez qu'on dise qu'on va l'abroger pour en faire une autre, si cela vous fait plaisir, franchement, cela ne coûte pas cher" lâche Nicolas Sarkozy, pressé par la foule.

Pourtant, un mois plus tôt, en octobre 2014, Nicolas Sarkozy l'assurait: une réécriture du texte, oui, mais pas d'abrogation. "Il va falloir réécrire" la loi "pour mettre le verrou sur la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui" déclarait l'ancien président devant des militants. Avant d'être acculé par une foule qui n'avait qu'un but: la suppression pure et simple de la loi Taubira.

Paul Aveline