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Nicolas Sarkozy mis en examen

Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy. - -

L'ancien chef de l’État a été mis en examen pour abus de faiblesse dans le cadre de l'affaire Bettencourt. La décision a été prise par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil jeudi soir, après plusieurs heures d'audition et plusieurs confrontations.

Nicolas Sarkozy a été mis en examen ce jeudi soir dans le cadre de l'affaire Bettencourt. La décision a été prise par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil, après plusieurs heures d'audition et plusieurs confrontations, auxquelles ont participé au moins quatre membres du personnel de Liliane Bettencourt. Un « coup de tonnerre » selon Antoine Gillot, avocat de l'ancien majordome confronté jeudi à Nicolas Sarkozy : « C’est incontestablement un coup de tonnerre. C’est d’autant plus un coup de tonnerre qu’on pensait qu’à l’issue de la première audition on pensait que Nicolas Sarkozy ne serait pas mis en examen ».
Me Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, a qualifié cette mise en examen de décision « incohérente sur le plan juridique et injuste » et a annoncé son intention de « former immédiatement un recours ».

Nombreuses auditions avec le personnel de la milliardaire

L'ex-président a quitté le palais de justice de Bordeaux peu avant 22 heures. La confrontation avec des membres du personnel de la milliardaire avait débuté en début d'après-midi, elle s'est terminée vers 17 heures. Il s'agissait pour le juge Gentil de vérifier combien de fois l'ancien président avait pu se rendre au domicile de Liliane Bettencourt pendant sa campagne présidentielle de 2007, et s'il l'a rencontrée à cette occasion. Puis Nicolas Sarkozy est resté encore un long moment avec le juge d'instruction Jean-Michel Gentil. Seul cette fois.
Le juge avait, au cours des dernières semaines et au moins jusqu'à fin février, multiplié les auditions avec le personnel de la milliardaire, car certains avaient déclaré avoir vu Nicolas Sarkozy au moins deux fois pendant la campagne, d'autres assurant qu'il avait rencontré Mme Bettencourt à ces occasions, alors que Nicolas Sarkozy disait le contraire.

Statut de « témoin assisté »

Lors d'une première audition d'une douzaine d'heures, le 22 novembre 2012, Nicolas Sarkozy avait été placé sous le statut de « témoin assisté » par le juge. Il avait toujours affirmé s'être rendu au domicile des Bettencourt une seule fois pendant sa campagne présidentielle, le 24 février 2007, pour y rencontrer brièvement André Bettencourt, le mari de l'héritière de l'Oréal, décédé en novembre de la même année.
Seize personnes ont déjà été mises en examen par le juge Gentil et ses deux collègues depuis deux ans et demi dans cette affaire, partie d'une plainte, déposée fin 2007 par Françoise Bettencourt Meyers, la fille de Liliane, pour des abus de faiblesse à l'encontre de sa mère.

L'UMP dénonce un acharnement judiciaire

L'UMP dénonce « un acharnement judiciaire ». Premier à donner le ton jeudi soir, le député Lionnel Luca sur Twitter:

La seule chance pour FH en 2017 c'est d'éliminer par tous les moyens la possibilité d'une candidature du seul adversaire qui peut le battre!
— Lionnel Luca(@lionnelluca06) 21 mars 2013

Un credo repris par Geoffroy Didier, co-président du collectif UMP « La droite forte », qui s'est dit « choqué » par « l'acharnement judiciaire contre Nicolas Sarkozy ». Tout comme Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice et membre de l'association « Les amis de Nicolas Sarkozy », qui a dénoncé des « méthodes au relent politique évident ».
La gauche est restée discrète. Le porte-parole du PS, David Assouline, a jugé que l'objet de la mise en examen de M. Sarkozy était « grave pour un ancien président de la République », tout en appelant au respect de la présomption d'innocence. Aucun commentaire non plus de la part de l'Elysée.

Marine Le Pen, présidente du FN a demandé que l'ex-président quitte le Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit, « sa situation judiciaire l'empêchant aujourd'hui d'exercer cette fonction avec l'impartialité et la neutralité requises ». « Nicolas Sarkozy opère, via cette affaire judiciaire, un retour dans la vie publique certainement assez différent de celui qu'il s'était imaginé », a-t-elle ironisé.
Jean-Luc Mélenchon, co-président du parti de gauche, a lui aussi insisté sur le motif de la mise en examen « extrêmement grave moralement ». Pour lui, « la racine des problèmes est dans un modèle démocratique où l'argent règne sur tout ». « Vivement l'heure du coup de balai général sur le système et la refondation de notre République », a-t-il ajouté.

La Rédaction, avec Aurélia Manoli