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Nicolas Hulot a-t-il un avenir au gouvernement?

Nicolas Hulot

Nicolas Hulot - François Mori - Pool - AFP

Éditorialistes et spécialistes reviennent sur BFMTV sur les déclarations de Nicolas Hulot, qui relancent les rumeurs d’un départ potentiel.

Partira, partira pas? L’avenir de Nicolas Hulot au gouvernement semble incertain depuis ce mercredi matin, lorsque le ministre de la Transition écologique a annoncé sur BFMTV et RMC qu’il évaluera son action "cet été", pour "en tirer les leçons". Une déclaration évasive qui laisse place à toutes les théories… suivies d’une visite au Premier ministre en fin de journée.

Qu’arrive-t-il à l’ancien militant écologiste, lancé en politique il y a tout juste un an? Insatisfaction quant à son bilan, difficultés à prendre ses nouvelles fonctions, simple fatigue? Si l’Élysée affirme à l’AFP qu’Emmanuel Macron considère que Nicolas Hulot "s'insère parfaitement dans la politique gouvernementale", un proche du ministre explique que ce dernier "n’y croit plus et est assez déprimé" et qu’il ne devrait "plus rester très longtemps". Quelques mois après de premières rumeurs de départ, les spéculations sont relancées.

Déconvenues politiques et baisse dans les sondages

Si Nicolas Hulot compte quelques victoires (l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la fin du glyphosate en trois ans annoncée par Emmanuel Macron), il connaît également des déconvenues, comme le report de la réduction du nucléaire à 50% au-delà de la date butoir de 2025.

En un an, Nicolas Hulot a également vu sa cote de popularité chuter dans les sondages, après avoir compté parmi les figures les plus populaires du gouvernement. "C’était le seul ministre vraiment connu (…) une star de l’opinion", rappelle Céline Bracq, directrice générale de l’institut de sondage Odoxa:

"Dans le dernier sondage qu’on a fait sur le gouvernement aujourd’hui, il est majoritairement impopulaire. On a 46% de mauvaises opinions contre 36 de bonnes. Il a chuté de 7 points en six mois, il n’est plus dans le palmarès de tête des ministres les plus populaires."

"Il a créé de la déception"

Une perte de popularité due, notamment, à la déception de ses soutiens: "Ses plans sont souvent déceptifs parce qu’ils sont lointains, ils sont vagues, ce n’est pas très concret", indique Bruno Jeudy, éditorialiste politique de BFMTV. "Son plan de pollution de l’air on attend, le plan décarboné de 2050 on attend… il y a beaucoup de choses sur lesquelles on attend et sur lesquelles il a créé de la déception."

Le ternissement de son image s'expliquerait également par les "renoncements" du gouvernement, dont Nicolas Hulot serait devenu la vitrine selon le député européen EELV Yannick Jadot:

"Il se cogne à Bercy, il se cogne à Matignon, (…) mais (Emmanuel Macron) en fait celui qui annonce, y compris à la télé, les renoncements du gouvernement", décrypte-t-il, en évoquant notamment les conséquences de l’accord de libre-échange avec le Canada. (…) "À Nicolas Hulot de décider s’il a encore des choses à gagner dans ce gouvernement ou si, malheureusement, il n’est plus que la caution à des renoncements sur des sujets qui lui tiennent à cœur."

"Il n'a pas trouvé sa place"

Pourtant, pour Bruno Jeudy, les états d'âme de Nicolas Hulot ne sont pas nécessairement liés à sa cote de popularité: "Il ne fonctionne pas forcément en fonction des sondages, je pense surtout qu’il n’a pas trouvé sa place. Je pense qu’il n’a pas non plus compris exactement comment cela fonctionnait." Selon l’éditorialiste, il est possible que Nicolas Hulot ait simplement "besoin de câlins":

"Peut-être qu’on ne dit pas assez qu’il est le plus beau, le plus grand, le meilleur ministre du gouvernement (…) en tous les cas manifestement l’Élysée et Matignon l’entourent beaucoup moins qu’ils ont pu le faire au début."

Un ministre absent

L’absence du ministre sur certains sujets, notamment la grogne sociale qui gronde sur les transports ferrés et aériens, joue en sa défaveur: "Il a une surface énorme en terme de responsabilités gouvernementales (…) et on ne peut pas dire que Nicolas Hulot soit au front. Toute cette actualité sociale le met en porte-à-faux, c’est une absence qui commence à beaucoup se remarquer", estime Sophie Coignard, éditorialiste politique au Point.

Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement, insiste sur les difficultés de cette fonction: "Je comprends la frustration de Nicolas Hulot, c’est un homme de conviction et il n’a pas un bilan formidable". Et d’émettre l’hypothèse que le ministre cherche à faire pression sur le gouvernement: "Est-ce qu’il essaye une dernière fois de faire un peu une espèce de levier pour essayer d’obtenir quelques arbitrages ou est-ce qu’il sème des petits cailloux sur une voie de départ?"

Si tactique il y a, elle pourrait le desservir, pour Céline Bracq, qui estime que son départ serait désormais "plutôt positif" pour le gouvernement : "Faire ça aujourd’hui, ça affaiblit un peu le gouvernement, ça humilie un peu le gouvernement. Il ne peut pas faire ça régulièrement, et il ne peut pas faire ça en n’étant aujourd’hui plus le Nicolas Hulot d’antan."

B.P.