"Muslim d'apparence": indignation après les propos de Pascal Boniface sur le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane

Le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane assiste à l'inauguration officielle de la passerelle piétonne "Franchissement Urbain Pleyel" à Saint-Denis, au nord de Paris, le 16 mai 2024. - Thomas SAMSON / AFP
De nombreuses réactions indignées ont suivi cette déclaration. Le chercheur en géopolitique Pascal Boniface s'est attiré de vives critiques dimanche 20 octobre en utilisant cette expression en commentaire d'une vidéo concernant le maire socialiste de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, qualifié de "muslim (musulman, NDLR) d'apparence" car il a choisi de ne pas s'exprimer sur le conflit au Proche-Orient dans une émission.
Dans l'émission de France 2 "Quelle époque", Karim Bouamrane avait déploré l'importation en France du conflit israélo-palestinien "à des fins électoralistes", reprenant le reproche fait à LFI, en particulier pendant la campagne pour les élections européennes du 9 juin.
"Sincèrement je m'interroge sur cet homme que je ne connais pas perso. Est-il un exemple de la méritocratie? Alors bravo! Ou instrumentalisé façon un muslim d'apparence qui ne critique pas Netanyahu et donc bénéficie d'une grosse promo médiatique", a écrit Pascal Boniface sur X.
"La lutte contre l'essentialisation continue!"
Figure montante du PS et membre de l'aile du parti opposée à l'alliance avec la France insoumise (LFI), Karim Bouamrane s'est lui-même indigné d'être décrit comme un musulman "d'apparence".
"Après 30 ans d'engagement à gauche, élu de la République depuis 1995, voilà comment un chercheur me qualifie et se disqualifie définitivement. La lutte contre l'essentialisation continue! Vive la République! Vive la France!", a écrit sur X le maire de Saint-Ouen, d'origine marocaine et dont le nom avait circulé pour Matignon après les élections législatives du 7 juillet.
"Je m’interroge juste sur votre parcours votre succès médiatique et me demande s’il est lié à une “pudeur” sur les guerres du Proche-Orient. Je pense que votre réponse agressive clarifie les choses", a répliqué Pascal Boniface.
Réactions indignées
De nombreux responsables, pour la plupart des socialistes ou macronistes, ont réagi à cette publication de Pascal Boniface.
"Nul ne devrait être assigné à une supposée identité religieuse ou culturelle. Nul ne devrait préjuger de ce que peut penser un musulman, un juif, un chrétien ou un athée. Encore moins juger qu'une prise de position puisse en faire un 'muslim d'apparence'", s'est insurgé sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Le ministre macroniste des Affaires européennes Benjamin Haddad a jugé que "l'assignation identitaire est l'inverse de notre pacte républicain".
Sur l'antenne de Sud Radio, Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis, a également fait éclater sa colère. "Cette essentialisation est insupportable! Essentialiser le débat, considérer que quelqu’un prend des positions en fonction de je ne sais quelle origine, religion réelle ou supposée est insupportable", a-t-il tonné.
"C’est un bon maire, un bons vice-président, mais comme chacun c’est un élu de la République. Quand est-ce que dans ce pays on arrêtera d’essentialiser les gens?", reprend-il.
Pour a part, via X, l'ancien président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a qualifié d'"insupportable commentaire" la sortie de Pascal Boniface.
"Avec lui tout ce qui est le résultat de la méritocratie républicaine doit être mis en doute dès qu’il s’agit d’un Français dont les parents sont issus de l’immigration. Son discours est un danger pour la république", écrit-il.
Pascal Boniface est le fondateur et directeur de l'Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS), l'un des principaux centres de réflexion français sur la géopolitique. Ancien membre du Parti socialiste, il l'avait quitté après une polémique liée à la publication d'une de ses notes en 2001 consacrée aux positions du parti sur le conflit israélo-palestinien.
Ce dernier a également interpellé dimanche sur X une autre élue socialiste de Paris, Lamia el Aaraje, pour lui demander ce qu'elle pense "de la poursuite des bombardements sur Gaza". "L'aurait-il fait si je m'étais appelée Colette Durand ?", s'est-elle interrogée.