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Municipales 2020: la classe politique s'inquiète de la présence de "listes communautaires" lors du scrutin

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Bruno Retailleau appelle à interdire les listes communautaires qui ne respectent pas la laïcité. La principale liste visée, l'Union des démocrates musulmans de France, assure s'adresser à "tous les citoyens".

À six mois des élections municipales, l'inquiétude grandit autour de la présence au scrutin de "listes communautaires". Comme Bruno Retailleau dans les colonnes du JDD, des élus de tous bords de l'échiquier politique appellent à interdire ces candidatures. Dimanche, le patron des sénateurs LR a annoncé déposer prochainement une proposition de loi afin de "contrer ce qui est une forme de sécession".

"Nous proposons d'interdire tout financement public d'un mouvement communautariste qui ne respecterait pas les principes de souveraineté nationale et de laïcité, et de prohiber, sous le contrôle du juge administratif, les candidatures et la propagande électorale communautaristes", a-t-il affirmé dans une interview au JDD.

Cela implique "l'interdiction de signes religieux comme le voile sur les affiches ou les professions de foi", a-t-il insisté. "Nous souhaitons aussi que les élus, dans l'exercice de leur mandat, soient désormais tenus à une stricte neutralité", a également suggéré Bruno Retailleau.

L'UDMF dans le viseur

Dans le viseur du sénateur de Vendée, l'Union des démocrates musulmans français (UDMF). Créé en 2012, le parti a recueilli seulement 0,13% des suffrages exprimés, soit quelque 29.000 voix, mais a connu des pics dans des communes de région parisienne - 7,43% à Garges-lès-Gonesse, 6,77% à Mantes-la-Jolie, 6,39% à La Courneuve... -, ou même jusqu'à 40% dans un bureau de vote de Maubeuge (Nord).

Dans son programme, le parti veut faire "barrage à la montée des extrêmes", notamment en créant "une loi pour combattre l'islamophobie", en permettant notamment "la dissolution de toutes associations ou groupements islamophobes", ainsi que la mise en place d'un "comité d'éthique pour contrôler l'indépendance de la presse". L'UDMF promeut aussi la sortie de l'Otan, la mise en place d'un smic européen ou encore l'interdiction de toutes substances "suspectées comme perturbateurs endocriniens".

Nagid Azergui, président de l'UDMF, assure à BFMTV que son parti a un "programme qui n'est pas axé sur une seule communauté. Le logement, la santé, la sécurité sont des thématiques qui les concernent directement, au même titre que le reste de la communauté française", assure-t-il.

Halima Raiteb, candidate sur une liste de l'UDMF à Paris affirme également que son "parti concerne tous les citoyens de France".

Des "fronts républicains locaux"?

Leurs propos ne semblent pas convaincre dans les rangs du gouvernement. Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales a appelé à "empêcher cette menace (des listes communautaires) de prospérer" dans les colonnes du Parisien mercredi. Mais "si à six mois des élections municipales, on en est à se poser la seule question de les interdire, c'est qu'on a déjà perdu la bataille culturelle", a-t-il estimé.

Dans le journal, il a préconisé la création de "fronts républicains locaux" contre ces listes lors des élections. Et a appelé à "dénoncer" les candidats "qui seront tentés de faire rentrer sur leurs listes un certain nombre de personnalités pour draguer un vote communautaire".

Sur BFMTV, il affirme aussi vouloir lancer une "réflexion (..) sur les maires qui pourraient détourner leur pouvoir de police et qui se serviraient des pouvoirs de police du maire pour interdire par exemple un film dans la salle de cinéma de la commune ou réorganiser un certain nombre de services publics pour des fins communautaristes", détaille-t-il.

L'appel a trouvé un certain écho dans la classe politique. Sur le plateau de RTL-LCI-Le Figaro, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen s'est dite en "accord" dimanche avec l'idée d'interdire les listes communautaires. Le député européen EELV Yannick Jadot a aussi jugé sur France 3 qu'il faut "interdire" des listes "effectivement" communautaristes: "Pour moi, le champ de la politique, du pacte républicain, la religion n'a rien à y faire", a-t-il déclaré.

Esther Paolini avec AFP