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Politique

Mélenchon, « la vraie gauche » à Matignon ?

Les Coulisses de la Politique, de Véronique Jacquier, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Véronique Jacquier, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

Jean-Luc Mélenchon était jeudi soir sur France 2. Au moment où François Hollande appelle depuis la Chine au rassemblement pour lutter contre le chômage, que mijote le leader du Front de gauche à l’heure où des bruits de couloirs font état d’un possible remaniement ?

Il faut donner un nouvel élan au quinquennat, alors Paris bruisse de plans sur la comète. Jean-Marc Ayrault resterait à Matignon, mais le gouvernement serait resserré : Michel Sapin prendrait la tête de Bercy, Moscovici irait au quai d'Orsay. L'idée, c'est de garder les poids lourds et d'être efficace, mais rien n'est fait encore car quand on remanie, on grille une cartouche. Et après, François Hollande n'aura plus grand chose dans sa besace. Alors Jean-Luc Mélenchon veut profiter de la situation : pas question de rentrer dans le rang. La rupture est consommée depuis le rejet par les socialistes de la loi pour amnistier les casseurs, mais le diviseur, ce n'est pas lui, c'est le président : « C'est François Hollande qui divise la gauche, c'est lui qui nous a mis de côté. Aucun espace pour le Front de gauche », affirme son leader. Jean-Luc Mélenchon est bien déçu. Il y a un an, juste avant la présidentielle, il disait : « Vous allez voir ce que vous allez voir, François Hollande est élu grâce aux quatre millions de voix du Front de Gauche, nous allons lui tordre le bras pour qu'il fasse notre politique ». Mais ça ne marche pas. François Hollande n'offre aucune prise, alors Jean-Luc Mélenchon joue la rue contre le Parti socialiste. Mobilisation contre l'austérité le 5 mai, il veut ramener à lui une partie des 75% de déçus du président Hollande.

Mais jeudi soir, il a redit qu'il était candidat à Matignon, candidat pour être le Premier ministre de François Hollande.

Oui, pour changer de politique justement ! Il accuse François Hollande de déplacer le curseur de sa politique vers la droite et dit aux socialistes : si vous prenez le train de la social-démocratie, vous partez tout droit dans les bras de François Bayrou, si vous venez vers moi, vous retrouverez la vraie gauche. Mais en coulisses, les socialistes se moquent d'un Jean-Luc Mélenchon candidat à Matignon. « Si on lui proposait une place d'archevêque, il la prendrait ! », m'a confié un député. Les membres du gouvernement le dédaignent et le craignent. Aucun ministre n'a voulu l'affronter jeudi soir sur le plateau de France 2. Le dernier, c'était Cahuzac. Il doit y avoir un petit côté chat noir chez Mélenchon. Du coup, c'est l'ancien conseiller de François Mitterrand, Jacques Attali, qui est monté sur le ring. Il a quand même asséné à Mélenchon que sa politique était inapplicable, sinon « ce serait la Corée du Nord ».

Mélenchon est dans une impasse. Quel peut être son avenir ?

Il est dans une impasse car il joue en permanence sur un rapport de force qui ne lui rapporte rien. La manifestation du 5 mai est un test pour savoir s'il rassemble sur sa personne. En plus, il a fait une croix sur les élections municipales. Il sait que les socialistes ne vont pas lui faire de cadeau. Il mise donc tout sur les européennes et le sentiment anti-européen qui se développe. Et puis, même s'il n'aime pas le personnage parce qu'il est contre l'immigration et les syndicats, le succès de Beppe Grillo en Italie lui donne des ailes. Reste à savoir qui va l'emporter entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Entre Pépé Grillo et Mémé Grillo lors des Européennes.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Véronique Jacquier de ce vendredi 26 avril.

Véronique Jacquier