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Politique

Macron en opération de reconquête des militaires à Istres

Emmanuel Macron lors du défilé du 14-Juillet à Paris.

Emmanuel Macron lors du défilé du 14-Juillet à Paris. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / POOL / AFP

Alors qu'une crise inédite l'oppose aux armées depuis les prises de position de l'ex-chef d'état-major Pierre de Villiers, le président de la République est attendu à 10 heures ce jeudi sur la base aérienne d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône.

Il espère éteindre l'incendie. A l'issue d'une crise de plusieurs jours, qui s'est conclue par la démission mercredi du chef d'état-major des armées, Emmanuel Macron est attendu ce jeudi sur la base aérienne d'Istres, près de Marseille. Une visite prévue pour durer quatre heures et annoncée mardi. D'après son entourage, elle a été fixée avant la passe d'armes qui a opposé le chef de l'Etat au général de Villers. Hasard du calendrier ou coïncidence calculée, ce déplacement tombe en tout cas à pic.

Il sera l'occasion pour le président de la République de tenter de reconquérir la Grande muette. Une armée à laquelle les Français apparaissent particulièrement attachés, dans un contexte de menace terroriste et alors que la France est engagée dans plusieurs opérations à l'étranger. Dès mercredi, en marge d'une visite sur le Tour de France, Emmanuel Macron a d'ailleurs amorcé un changement de ton. Lors d'une prise de parole de quelques minutes, diffusée sur France 2, le Président a d'abord tenu à montrer qu'il assumait sa décision. 

"Ce n'est pas le rôle du chef d'état-major" de défendre le budget des armées, "mais celui de la ministre" des Armées, Florence Parly, a-t-il déclaré.

"Je suis derrière nos soldats"

Tout en tentant d'adoucir ses propos pour saluer "le général de Villiers, militaire de grande qualité et qui a servi avec responsabilité et dignité l'Etat". Mais celui qu'il a qualifié de "héros militaire comme il y en a peu, un grand général de l'armée de terre dont les armées peuvent être fières", c'est son remplaçant, François Lecointre. Comme pour insister sur la pertinence de ce choix. Mais on retient surtout l'appel du pied du Président aux militaires.

"Je suis derrière nos soldats", a-t-il lancé, à la veille de sa venue à Istres. 

Le chef de l'Etat doit arriver sur place à 10 heures ce jeudi matin, et à l'issue de cette rencontre, qui se fera en partie loin du regard des caméras, il adressera un discours aux soldats et aux personnels civils de cette base de l'armée de l'air des Bouches-du-Rhône. 

Une brève adresse aux militaires

D'après son entourage, cité par Reuters, cette adresse sera "courte" et dans la veine de son discours de Brienne, le 13 juillet, lors duquel Emmanuel Macron a affirmé son son soutien aux forces armées. Insistant sur ses différents déplacements à la rencontre des militaires, au Mali ou dans un sous-marin nucléaire, il avait aussi, à cette occasion, recadré sèchement le général de Villiers, en lançant la phrase qui a interloqué les soldats: "Je suis votre chef".

Ce jeudi, le Président pourrait donc revêtir à nouveau ses habits de chef des armées, mêlant les louanges à l'autorité. Il ne devra en tout cas pas économiser ses forces. Car dans le monde militaire, cette crise est prise très au sérieux. 

"C'est une crise extrêmement grave, la plus grande crise politico-militaire depuis le putsch des généraux du 21 avril 1961", a expliqué mercredi sur notre antenne le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'école de guerre. Pour lui, "la tension n'avait pas atteint ce niveau" depuis un demi-siècle. 

Salve d'applaudissements pour de Villiers

Pour mesurer l'ampleur du choc causé par le départ de Pierre de Villiers, il suffit de visionner la vidéo postée mercredi soir par l'état-major des Armées sur son compte Twitter, avec en légende un simple "merci". On y voit le général quitter les lieux sous une salve d'applaudissements continus, au milieu des personnels civils et militaires. Considéré comme une personnalité intègre et rugueuse, Pierre de Villiers, très apprécié de ses hommes, s'était régulièrement plaint de l'insuffisance des moyens alloués aux armées depuis sa nomination en 2014.

Charlie Vandekerkhove