Macron demande à Hollande de faire son bilan "maintenant"

Le ministre de l'Economie n'en finit plus de faire cavalier seul. Après avoir lancé son mouvement politique, il demande aujourd'hui à François Hollande de "regarder le pays en face".

Quelle ambition anime Emmanuel Macron? Le ministre de l'Economie, dont les envies personnelles ne sont plus un secret, s'en est pris directement à François Hollande lors d'un dîner organisé par le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF).

Faire le bilan "maintenant"

Tout en assurant vouloir le bien du président de la République, Emmanuel Macron s'est lancé dans une critique à peine déguisée du mandat de celui qui l'a nommé au gouvernement, selon des propos rapportés par Le Figaro.

"Je suis convaincu que le temps dans lequel nous vivons est d'abord un temps de contact avec le pays. Je vais vous dire, je pense qu'il ne faut pas défendre ce qu'on a fait: il faut l'expliquer, le présenter, les gens voient le résultat. Les gens sont beaucoup plus intelligents qu'on ne le croit" a affirmé le ministre. 

"Ne pas défendre" le bilan de François Hollande serait selon Emmanuel Macron, la solution. Une formule énigmatique qui cache une critique du quinquennat de François Hollande, développée plus tard dans son discours.

"Le bilan, il faut le faire maintenant, en conscience! demande Emmanuel Macron. Parce que personne, objectivement, n'est responsable en totalité du bilan du pays aujourd'hui: les rythmes sont tellement lents, ce sont des mouvements très profonds, de 10-15 ans."

"Construire" avant de choisir un candidat

Dans son allocution, Emmanuel Macron a répondu aux interrogations autour d'une éventuelle primaire à gauche, en balayant l'idée de choisir immédiatement un candidat pour le PS.

"Il faut regarder quelles sont les lignes de forces idéologiques et les grands problèmes à résoudre: c'est-à-dire avoir une discussion sur la vision, maintenant! Et construire le plan d'action sur cette base" affirme le ministre avant d'ajouter : la question des personnes est, en quelque sorte, terminale. Si elle précède tout cela, ce sont des débats que nous n'aurons pas."

Le ministre de l'Economie ne donne donc aucun blanc-seing au président sortant quant à une éventuelle candidature en 2017. Un refus de soutenir une "candidature naturelle" qu'Emmanuel Macron justifie par la déception ressentie par les électeurs de François Hollande.

"Celles et ceux qui ont voté pour l'actuel président de la République disent: “Moi je n'ai pas voté pour vous sur cette base-là”. Et c'est vrai" a martelé Emmanuel Macron.

Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron est soupçonné jusque dans son propre camp de préparer sa candidature à la présidentielle de 2017. Dernier indice en date, la création de son mouvement politique, "En marche !", qui prône une politique "nouvelle" et loin des clivages partisans. 

Paul Aveline