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Politique

Les trois pièges que François Hollande s’est tendu à lui-même

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

Le rapport de Louis Gallois sur la compétitivité des entreprises est remis ce lundi à Jean-Marc Ayrault. C’est une échéance importante pour l’exécutif, mais il y en a d’autres cette semaine.

François Hollande va avoir du mal à se passionner pour l’élection américaine. C’est une semaine cruciale qui s’ouvre pour lui avec le très (trop ?) attendu rapport Gallois sur la compétitivité. Elle se fermera avec le rapport Jospin sur la rénovation de la vie publique. Entre les deux, il y aura, mercredi, la présentation du projet de loi sur le mariage gay. Sur ces trois sujets, le pouvoir a de la nitroglycérine entre les doigts. Le risque d’explosion est réel. Mais si François Hollande s’en tire sans trop de dégâts, il aura marqué des points importants.

Pourquoi parler de « pièges » pour le président de la République au sujet de ces trois rendez-vous ?

Qu’il l’ait voulu ou non, François Hollande n’a pas réussi à dépassionner ces débats. Les socialistes ont longtemps cru qu’il suffirait de parler de « mariage pour tous » pour éviter un divorce… avec l’opinion. En réalité, les Français restent divisés sur le sujet, alors que les polémiques récurrentes sur l’islam ont mis la question de l’identité religieuse au cœur du débat politique. Mais François Hollande ne peut pas se permettre une reculade de plus – après le vote des étrangers. Résultat : il offre à la droite une occasion de se remobiliser et même de lui reprocher un manque de concertation. Voilà un sujet sur lequel il aurait peut-être eu raison de commander un rapport !

N’est-ce pas le cas sur la compétitivité des entreprises ? Le gouvernement s’est-il lié les mains avec le rapport Gallois ?

Il a commis la même erreur que Nicolas Sarkozy avec le AAA : les Français sont aujourd’hui persuadés que la compétitivité est l’alpha et l’oméga de la politique économique – et que l’expertise de Louis Gallois engage le gouvernement. A l’arrivée, soit le rapport est décapant et il va embarrasser ceux qui l’ont commandé ; soit il est modéré et tout le monde criera à l’arrangement. D’autant que si sa publication a été retardée de trois semaines, c’est forcément pour en amender le contenu. C’est ainsi qu’on est passé d’un « choc de compétitivité » à un « pacte de compétitivité ». Donc des mesures qui vont s’étaler dans le temps. Un pacte, c’est moins choquant ; mais un choc aurait eu plus d’impact.

Enfin, le rapport de la commission Jospin sera rendu vendredi. Est-ce que François Hollande ne va pas pouvoir s’appuyer sur ses propositions pour régler la question du cumul des mandats ?

C’était évidemment l’idée. Le prestige de Lionel Jospin devait suffire à faire plier les barons socialistes récalcitrants. Le problème, c’est que Lionel Jospin a gardé ses penchants autocratiques mais perdu ses réflexes démocratiques. Sa commission n’a auditionné aucun élu, ce qui affaiblit d’avance ses conclusions. Quand il était Premerministre, Lionel Jospin avait dit tout le mal qu’il pensait du Sénat. Les sénateurs vont lui rendre la pareille. Au total, on ne sait pas si François Hollande règlera la question du cumul des mandats mais il s’est placé, de lui-même, en situation de cumuler… les inconvénients.

Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce lundi 5 novembre, cliquez ici.

Hervé Gattegno