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Les subventions aux chasseurs sont passées de 27.000 à 6,3 millions d'euros en moins de cinq ans

Un chasseur dans les marais de Graignes, dans la Manche, le 21 août 2010.

Un chasseur dans les marais de Graignes, dans la Manche, le 21 août 2010. - AFP

Les fonds alloués à la Fédération nationale des chasseurs ont explosé durant le quinquennat d'Emmanuel Macron. Si certains s'insurgent et dénoncent des cadeaux, le gouvernement et les chasseurs évoquent une nouvelle organisation.

Un bond impressionnant. Le montant des aides accordées à la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a connu une valorisation fulgurante au cours du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, passant de 27.000 euros à 6,3 millions d'euros en cinq ans, selon les comptes transmis par la FNC au Journal officiel les 8 et 9 août derniers, et repérés par Lanceuralerte.org.

Cette augmentation massive vient notamment de la baisse du prix du permis national de chasse, rappellent nos confrères du Parisien. Accordée par le chef de l'État en 2018, elle divise son coût par deux (de 400 à 205 euros). La décision a par la suite permis d'attirer de nouveaux chasseurs, puisque le nombre de demandes de validation de permis de chasse a augmenté de près de 40% entre 2018 et 2019.

Ces nouvelles arrivées ont permis aux revenus annuels de la Fédération de grimper à 28 millions d'euros en 2020, ainsi qu'en 2021. Ils ne s'élevaient qu'à 11 millions d'euros en moyenne les années précédentes, soit moins de la moitié.

Des gestes de sympathie répétés de Macron en direction des chasseurs

La sympathie d'Emmanuel Macron pour les adeptes de la chasse est bien connue. Après avoir multiplié les clins d'oeil en direction de cet électorat potentiel de 4 millions de personnes pendant la campagne présidentielle de 2017, le jeune président élu s'était dit publiquement favorable au rétablissement des "chasses présidentielles", officiellement supprimées sous Jacques Chirac.

Il avait ensuite réalisé plusieurs gestes en direction des chasseurs tout au long de son premier quinquennat, dont la fameuse baisse du prix du permis de chasse. La mesure avait été perçue par beaucoup comme un cadeau.

Même chose lors de la campagne présidentielle de 2022. Le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen ayant déclaré lui-même officiellement son soutien au président-candidat.

"Trop de cadeaux"

Cette augmentation rapide des fonds de la fédération ne manque pas de susciter l'agacement d'une partie de la classe politique, notamment du côté des écologistes. "Il faut que le nouveau gouvernement arrête de dire oui à toutes leurs demandes", s'agace le député Matthieu Orphelin dans les colonnes du Parisien.

"Il y a eu beaucoup trop de cadeaux faits", dénonce-t-il.

Le député vert Nicolas Thierry va même plus loin et se dit prêt, avec son camp, à "saisir le gouvernement pour demander plus de transparence sur l'utilisation de l'argent public alloué aux chasseurs".

Une augmentation des domaines de compétence de la FNC

Une fausse polémique pour le président de la FNC qui dénonce une série de "contre-vérités" et des attaques politiques, nées de son soutien à Emmanuel Macron lors du scrutin présidentiel.

Willy Schraen rappelle que la fédération a connu assez récemment un changement de son domaine de compétence. Elle doit en effet prendre en charge, depuis 2019, la gestion des associations communales de chasse et l'attribution des plans de chasse individuels, une mission attribuée auparavant aux préfets. D'où, selon lui, un budget accru pour s'acquitter de cette mission.

"Tout est transparent, il n'y a pas un euro d'argent public qui n'est pas utilisé à bon escient", martèle le président de la fédération.

Du côté de l'exécutif, on met en avant un changement de "prérogative" concernant la délivrance du permis national de chasse, désormais attribuée à la fédération. Une évolution justifiant, aux yeux de l'entourage de la Première ministre, l'augmentation de son budget.

Juliette Desmonceaux