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"Racisme anti-blancs" : Copé copie-colle l'extrême droite

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"Racisme anti-blancs", l'expression utilisée par Jean-François Copé dans son livre-programme est politiquement connotée à l'extrême droite.

Le "racisme anti-blancs", un "tabou" que Jean-François Copé entend "briser", reflète des tensions dans les quartiers sensibles, mais le terme est politiquement connoté à l'extrême droite, jugent associations antiracistes et des chercheurs.

"Sale blanc", "Sale Français", voilà ce qu'entendait régulièrement un collégien "'Français de souche', en minorité dans sa classe d'un collège du 93", rapporte Tarik Yildiz, chercheur en sciences politiques, qui a rassemblé des témoignages dans un essai intitulé "Le racisme anti-blanc. Ne pas en parler, un déni de réalité" (Les éditions du puits de Roulle, 2010).

Ce sujet, "c'est très difficile d'en parler calmement, sans que l'extrême droite s'en empare", regrettait mercredi Tarik Yildiz.

Le candidat à la présidence de l'UMP entend "briser un tabou" en dénonçant l'existence d'un "racisme anti-blanc" dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée".

Ses déclarations ont gêné jusque dans son camp car du Bloc identitaire à l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), le thème est porté depuis des années par la mouvance d'extrême droite.

Dans ses promesses de campagne, Marine Le Pen envisageait même de faire "du racisme anti-Français" une "circonstance particulièrement aggravante" dans le code pénal.

Pour le chercheur, qui a collecté des témoignages de jeunes Blancs victimes de brimades ou d'insultes, "il ne s'agit pas de stigmatiser une population ou de faire une hiérarchie des racismes, mais de désigner un problème et d'essayer de le traiter".

Pas de discrimination

Plus nuancée, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) se refuse à considérer ses brimades comme une forme de racisme.

"Jamais on ne nous a signalé des cas où des Français blancs ne pouvaient obtenir un logement, un travail, en raison de leur nationalité ou de leur couleur de peau. Pour nous, le racisme, les discriminations, c'est ça", explique son président Alain Jakubowicz.

Son organisation a bien reçu des témoignages, "mais on n'a pas trouvé de faits assez avérés pour aller en justice", précise-t-il, assurant que "si c'était le cas, nous n'hésiterions pas à nous porter partie civile".

Pour SOS Racisme, Jean-François Copé "pose les bases d'une possible alliance avec le Front national".

La difficulté à s'emparer du sujet avait déjà émergé quand le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) avait "condamné" "le racisme anti-blanc" dans son projet d'orientation 2012. Le Mrap avait alors essuyé un feu de critiques de la part d'intellectuels et de personnalités, notamment une tribune dans Rue 89.

"Il y a une différence à faire avec les racismes anti-noir, anti-juif, et le racisme anti-blanc car il y a une asymétrie, un rapport de pouvoir entre un groupe dominant et d'autres groupes qui ne le sont pas", justifie la sociologue Nacira Guénif, l'une des signataires de ce texte.

"Les populations immigrées ou d'origine immigrée cumulent les difficultés, les discriminations... Il est délicat d'en rajouter une couche au risque de stigmatiser encore ces populations", souligne Michel Kokoreff, sociologue à Paris-8.

Pour ce spécialiste des quartiers populaires, "il faut en parler mais il faut trouver le ton juste, ne pas attiser les braises [...] les tensions entre communautés".