"Racisme anti-blancs" : quand Copé reprend un thème du FN

Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé - -
Il a voulu "briser un tabou", Jean-François Copé, en dénonçant le "racisme anti-blancs" qui sévit, selon lui, dans certains quartiers difficiles. Un thème d'habitude plutôt propre à l'extrême-droite et particulièrement au Front national.
La formule ressort de son Manifeste pour une droite décomplexée, livre-programme que le candidat à la présidence de l'UMP s'apprête à publier, et dont Le Figaro reproduit mercredi les bonnes feuilles. "Un racisme anti-blanc se développe dans les quartiers de nos villes où des individus - dont certains ont la nationalité française - méprisent des Français qualifiés de 'gaulois' au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux", écrit Jean-François Copé, prenant pour exemple une "histoire", dont il aurait eu vent. Celle d'une mère de famille victime au quotidien du racisme de ses voisins : "si t'es pas contente, casse-toi, la Gauloise".
"Chacun s'exprime avec ses mots, mais je suis d'accord sur le fond", a immédiatement commenté l'ancien ministre de l'Intérieur et de l'Immigration Brice Hortefeux, sans toutefois reprendre à son compte l'expression utilisée par l'actuel secrétaire général de l'UMP. "Des tensions apparaissent entre communautés", juge l'eurodéputé. Un sentiment partagé par une autre UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet qui dit toutefois ne pas aimer la formule de "racisme anti-blanc".
Cynisme
Et pour cause. L'expression est directement issue du champ lexical du Front national - en 2003, déjà, Jean-Marie Le Pen dénonçait un "racisme dont on ne parle pas, c’est le racisme anti-blanc, dont sont victimes les Français de souche" - qui en a même fait un de ses arguments de campagne pour la présidentielle 2012.
Le parti d'extrême-droite ne s'y trompe d'ailleurs pas. "Alors que le Front national a été jeté au pilori pendant des années pour avoir fait état de cette discrimination et du sentiment anti-français dont souffrent nos compatriotes, Jean-François Copé découvre l’eau chaude à quelques semaines du vote des militants UMP", a réagi le secrétaire général du Front national Steve Briois, faisant référence à la bataille qui oppose le secrétaire général de l'UMP sortant à l'ancien Premier ministre François Fillon pour la présidence de l'UMP. "Cela démontre que pour courtiser sa base militante et électorale, Copé est bien obligé d'adopter les thèses du Front national", a encore ajouté le proche de Marine Le Pen, emboîtant le pas au porte-parole du parti Florian Philippot.
Réagissant à la position de Jean-François Copé, la présidente du Front national s'est dite "hallucinée". "Pendant cinq ans au pouvoir, l'UMP de Jean-François Copé a totalement nié ce racisme, hurlant avec les loups contre le Front national qui, seul, a eu le courage de le dénoncer et de réclamer qu'il soit poursuivi. Le cynisme de cet homme est sans aucune limite et en matière de revirements électoralistes, il a bien appris de Nicolas Sarkozy", s'est insurgée Marine Le Pen, interrogée par Lemonde.fr.
Le Pen "hallucinée"
Fin mai, invitée sur le plateau de La Chaîne Parlementaire, l'ex-candidate à la présidentielle avait jugé la nomination de Christiane Taubira comme ministre de la Justice "ahurissante" : "on ne nomme pas ministre une indépendantiste, une communautariste", citant la loi mémorielle dite "Taubira" portant sur la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité.
"Pourquoi ne pas parler de l'esclavage arabo-musulman ?", s'était-elle interrogée, assurant que la garde des Sceaux était "totalement incapable de lutter contre le racisme anti-blancs, [tout comme] le PS est incapable de lutter contre le racisme anti-blancs tout simplement parce qu'il le nie. De la même manière, je ne crois pas que l'UMP était capable de lutter contre l'explosion du racisme anti-Français et du racisme anti-blancs qui fait des ravages dans les banlieues".
Sujet vidéo : Grégoire Pelpel