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Pris à partie sur l'avortement, Fillon recadre à nouveau Juppé 

Alain Juppé en visite à la Maison de la Formation de Poitiers, le 7 novembre 2016.

Alain Juppé en visite à la Maison de la Formation de Poitiers, le 7 novembre 2016. - GUILLAUME SOUVANT / AFP

Pour espérer contrer François Fillon, Alain Juppé continue d'attaquer son programme. Ce mardi, il a ciblé ses idées sur les questions de société et l'égalité hommes-femmes, appelant notamment son adversaire à "clarifier" sa position sur l'avortement. La réponse de l'intéressé ne s'est pas fait attendre.

"Moi je considère que c'est un droit fondamental". En plein entre-deux tours, Alain Juppé, devancé par François Fillon dimanche, fait tout pour se démarquer de son adversaire. Ce mardi, sur Europe 1, le maire de Bordeaux a critiqué le programme de François Fillon, s'attardant en particulier sur les sujets de société. L'occasion de dénoncer notamment la position "peu claire" de François Fillon sur l'avortement.

"Il y a des points sur lesquels moi j’aimerais bien que François Fillon clarifie sa position, par exemple sur l’avortement", a attaqué Alain Juppé. "Il a commencé par dire dans son livre que c’était un droit fondamental de la femme, puis il est revenu sur cette déclaration dans un débat qu’il a eu devant un certain nombre de ses supporters", a-t-il détaillé.

"Philosophiquement je ne peux pas approuver l'avortement"

Le 22 juin dernier, François Fillon émettait en effet des réserves sur l'IVG lors d'une réunion publique dans les Yvelines. 

"J'ai écrit (dans mon livre) que l'avortement était un droit fondamental. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que c'est un droit sur lequel personne ne reviendra. Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement."

Interrogé sur le sujet fin octobre, il distinguait toutefois ses "convictions et l'intérêt général".

"Je n'ai pas à m'expliquer sur mes convictions religieuses", se défendait-il, tout en se montrant ferme sur la question du droit à l'avortement. "Jamais personne et certainement pas moi ne reviendra sur l'avortement", tranchait l'ancien Premier ministre. 

Electorat catholique

"François Fillon n'a jamais pris position contre l'avortement", a réagi Valérie Boyer, la porte-parole du candidat, sur BFMTV ce mardi. Jérôme Chartier, porte-parole du candidat également, avait affirmé que le droit à l'IVG n'était pas "un droit fondamental", mais que François Fillon n'y toucherait pas.

Le candidat joue donc sur les mots, puisqu'il n'a effectivement pas pris position politiquement parlant. Mais ses "convictions", elles, sont claires, et l'électorat catholique, qui lui a permis d'obtenir ses meilleurs scores dimanche, l'a compris. Une position qui offre en tout cas un angle d'attaque à Alain Juppé, qui ne s'est pas privé.

"Un droit fondamental"

"C’est une différence entre nous parce que moi je considère que c’est un droit fondamental. Il l'a écrit, il est revenu sur cette position, moi je n'ai pas changé d'avis", a répliqué Alain Juppé sur Europe 1.

Sur Europe 1, il a soutenu qu'il était "plus engagé sur la question absolument centrale" de l'égalité hommes-femmes que son adversaire. "Je n’ai pas entendu de la part de François Fillon un engagement aussi ferme et aussi clair", a-t-il ajouté. Il a aussi présenté à cette occasion l'une de ses propositions phares pour améliorer l'égalité entre les femmes et les hommes. Il souhaite prendre en compte dans la carrière des femmes "le temps qu’elles passent à l’éducation de leurs enfants au-delà des congés officiellement prévus par la législation". "Je travaille sur l’idée d’une validation des acquis familiaux dans le déroulement des carrières", a-t-il précisé.

Réponse immédiate de Fillon

En fin de matinée, François Fillon a réagi à l'appel d'Alain Juppé lors d'un déplacement à Viry-Châtillon.

"Jamais je n'aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas", s'est-il offusqué. "Ça fait 30 ans que je suis parlementaire. Est-ce qu'une seule fois j'ai pris une position contre l'avortement? Jamais", a-t-il martelé.
Charlie Vandekerkhove