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Primaire: "L'UMP n'apprend pas la démocratie, elle apprend le pluralisme"

Les candidats à la primaire UMP pour la mairie de Paris reçoivent les clés électroniques chargées de garantir la sécurité du scrutin, le 29 mai 2013.

Les candidats à la primaire UMP pour la mairie de Paris reçoivent les clés électroniques chargées de garantir la sécurité du scrutin, le 29 mai 2013. - -

Pour Jean-François Copé, la culture démocratique n'est que récente au sein de l'UMP, ce qui expliquerait les couacs lors des scrutins internes comme la primaire parisienne.

Au milieu des couacs, la déclaration a de quoi faire sourire. "A l'UMP, nous apprenons la démocratie, c'est assez nouveau", a reconnu Jean-François Copé, dimanche 2 juin sur Canal+.

Interrogé sur les soupçons de fraude pesant sur la primaire pour la mairie de Paris, le président de l'UMP a estimé qu'il était "indispensable" d'aller vers davantage de démocratie interne au sein du parti.

"Nous avons d'ailleurs changé nos statuts pour que, dans ce domaine, on progresse. J'espère que pour les primaires de 2016, nous serons au point. C'est l'engagement que je prends avec le sourire!"

L'apprentissage de la compétition

"Cette déclaration est assez candide", réagit la politologue Florence Haegel, auteure des Droites en fusion, transformations de l'UMP, interrogée par BFMTV.com. "Quand les adhérents votent, c'est souvent une ratification d'une candidature unique ou dominante. Ce qu'il se passe en ce moment, c'est l'apprentissage du pluralisme, avec une compétition entre différents candidats."

Les résultats des précédents scrutins internes le montrent: l'UMP est un parti de chef. En 2002, Alain Juppé avait en effet été élu par 79,42% des suffrages à la tête du parti. Nicolas Sarkozy avait fait encore mieux en 2004, avec 85,09% des voix.

"La culture de l'UMP est fondamentalement bonapartiste, c'est vrai", confirme à BFMTV.com Thomas Guénolé, spécialiste de la droite, auteur de Nicolas Sarkozy, chronique d'un retour impossible?. "Mais les adhérents ne sont pas allergiques pour autant à départager différents candidats. Au contraire, ils adorent ça." Pour preuve: de nombreux adhérents se sont déplacés à l'automne dernier pour choisir le président de l'UMP.

Les statuts: "un alibi"

Le problème de l'UMP vient-il de ses statuts, comme l'évoque Jean-François Copé? Non, mais "ce qui est vrai, ce qui est une particularité des statuts de l'UMP, c'est la nomination des secrétaires départementaux et non leur élection", analyse Florence Haegel. "Il y a moins d'élections qu'ailleurs."

"Des règles statutaires n'ont jamais empêché de faire les choses, ça c'est de l'ordre de l'alibi", complète Thomas Guénolé. "Sinon il n'y aurait pas eu d'accord Copé-Fillon parce que l'accord violait les statuts."

Selon lui, les couacs de la primaire pour la mairie de Paris ou pour l'élection de Jean-François Copé ne sont pas spécifiques à l'UMP. Elles tiennent plutôt de la culture partisane.

Vers la fin des primaires?

"Dans tous les partis politiques sans exception le bourrage d'urnes, le trucage, les faux électeurs, l'amateurisme dans l'organisation, les listes bidouillées, incomplètes soit par malveillance, soit pas incompétence, c'est la norme", décrypte-t-il. "Comme dans les associations, vous avez une organisation très artisanale et des luttes absurdes."

La médiatisation des problèmes électoraux de l'UMP pourrait surtout influencer l'avenir de tels scrutins. Jean-François Copé a beau se déclarer pour la démocratie interne, il pourrait bien revenir sur sa position, estime Florence Haegel. "Si c'est trop couteux en terme d'image, certains à l'UMP vont dire, on freine", prédit-elle.


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Mathieu Dehlinger