Mali : l'UMP soutient l'intervention française mais...

L'UMP s'accorde sur la critique de l'intervention au Mali : "isolement" et "impréparation" en ligne de mire. - -
"Soutien vigilant", "union mais questionnement", "unité mais vigilance". Si l'UMP soutient officiellement l'intervention au Mali, l'opposition cherche tout de même à appuyer sur ce qu'elle estime être les points faibles de cette intervention.
Et pour l'UMP, les cibles sont désormais identifiées : "l'isolement" supposé de la France et la portée du déploiement des troupes au sol. Après avoir avancé à pas feutrés, les ténors de l'UMP ont décidé de monter le ton par la voix de ses ténors. Dernier en date, Jean-François Copé, lundi matin sur BFMTV.
"Nous soutenons [l'intervention, NDLR] mais en même temps l'interrogation est dans l'extrême isolement diplomatique de la France. Est-ce qu'on peut continuer durablement à agir seul ?", s'interroge Jean-François Copé, qui "regrette" le manque de présence de l'Union européenne, des États-Unis et espère que les États Africains "passent la vitesse supérieure".
Éléments de langage
"Entre les premières prises de position du président de la République, qui au début disait 'nous n'y sommes que pour quelques jours ou quelques semaines' et aujourd'hui où c'est sans date... Idem sur le format engagé, allons-nous dépasser le cap des 2.500 hommes ?", s'interroge un Jean-François Copé agacé par le "flou" de l'exécutif.
Les critiques ne sont pas nouvelles, preuve que l'UMP, tout en soutenant le gouvernement pour des raisons "d'union nationale", entend bien profiter des points faibles de l'intervention.
L'un des premiers à avoir exploité ce filon est le très proche ami de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, qui dénonçait déjà le 17 janvier dernier des "soutiens diplomatiques et logistiques [...] plus que mesurés" et "une réelle impréparation".
Des éléments de langage rapidement repris par Laurent Wauquiez, l'un des deux vice-président de l'UMP, dans une interview au Monde. "Derrière les coups de menton et le costume de chef de guerre endossé par François Hollande, le chef de l'État n'a pas de stratégie claire sur le sens de la présence française au Mali", lançait-il, tout en soulignant "le sentiment d'improvisation et d'impréparation politique" autour du dossier malien.
Avec Nicolas Sarkozy la France aurait bénéficié de "beaucoup plus de soutiens"
Valérie Pécresse, elle, n'a pas dénoté. Apportant son "soutien vigilant au gouvernement", elle n'a pas manqué de critiquer les "tâtonnements de départ" du gouvernement et les "changements de pied stratégique". La secrétaire générale déléguée de l'UMP s'est tout de même (légèrement) démarquée de ses collègues en soutenant que Nicolas Sarkozy, lui, aurait fait bien mieux.
"Ce qui me tracasse, dans cette intervention, c'est de voir par exemple l'isolement de la France. Je pense que dans d'autres circonstances, si ça avait été Nicolas Sarkozy, nous serions partis à la bataille avec certainement beaucoup plus de soutiens, soit allemand, soit britannique, soit américain", a-t-elle déclarée.
Un angle d'attaque déjà esquissé par Laurent Wauquiez, ce week-end, rappelle le blog L'UMP d'après. "La France est intervenue au Mali sans travailler à la construction d'une coalition en amont. De ce point de vue, le contraste avec la manière dont avait été préparée l'intervention française en Libye, en mars 2011, est frappant", lançait-il.
"L'isolement extrême" en question
Si isolement il y a, est-il pour autant "extrême" ? Berlin a déjà annoncé l'envoi d'avions de transport ainsi qu'une aide financière supplémentaire aux pays africains qui s'engagent au Mali, rappelle Le Monde. Moscou propose de son côté d'acheminer troupes ou matériels français tandis que le Canada prendrait en charge le transport de la force africaine au Mali.
Et les pays africains, s'ils n'ont pas encore déployé les 2.000 soldats prévus, ont déjà envoyé plus de 150 soldats à Bamako, dont une cinquantaine de Sénégalais. Le Tchad a également envoyé 200 soldats au Niger, juste à la Frontière avec le Mali. Sans parler de l'armée malienne, qui se bat évidemment aux côtés des forces françaises.