LR: les doutes de Sarkozy sur la stratégie de Wauquiez

Laurent Wauquiez et Nicolas Sarkozy le 14 février 2016 à Paris. - LIONEL BONAVENTURE / AFP
"Quand je vois que, sitôt à la tête du parti, tu commences comme ça, je me dis que tu n’iras pas loin". Cette sentence de Nicolas Sarkozy à Laurent Wauquiez date du mois de février, après la diffusion des propos de ce dernier devant les élèves de l'EM Lyon. Le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes y affirmait que Nicolas Sarkozy avait placé ses ministres sur écoute lorsqu'il était à l'Elysée, provoquant la colère noire de l'ancien chef de l'Etat et poussant Laurent Wauquiez à présenter ses excuses. Quelques mois plus tard, le ton est légèrement moins acerbe mais le diagnostic reste le même.
Comme le soulignent nos confrères de L'Opinion ce mardi, Nicolas Sarkozy est sceptique quant à l'action de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains, six mois après le début de son mandat.
Sarkozy ne se sent pas écouté
Malgré ses ennuis judiciaires, l'ancien président, qui se tient officiellement en retrait de la politique, continue de tirer quelques ficelles dans les coulisses de la droite. Et c'est en général quand les choses vont mal qu'il intervient, comme en pleine campagne présidentielle, quand il avait rencontré François Fillon, en pleine débâcle après les révélations sur son épouse Penelope. Ce mercredi, Nicolas Sarkozy doit rencontrer Laurent Wauquiez, qu'il a vu pour la dernière fois au mois d'avril, et avec qui il échange régulièrement.
Après la déflagration provoquée par l'affaire de l'EM Lyon, les mauvais signaux continuent de s'accumuler au sein de LR pour le patron du parti. Ces derniers jours, c'est son opposition avec sa numéro 2, Virginie Calmels, qui sautait aux yeux. La première vice-présidente des Républicains était en particulier remontée contre le dernier tract de LR et son slogan "pour que la France reste la France". "Ton tract est populiste et ultra-daté", a-t-elle lancé à Laurent Wauquiez par SMS. Rappelée à l'ordre par son président, la juppéiste a assuré lundi être "une femme de droite" et dit vouloir "continuer à participer au rassemblement de sa famille politique".
"Un froid entre Wauquiez et le reste du monde"
Pour Nicolas Sarkozy, c'est notamment là que le bât blesse: Laurent Wauquiez serait incapable de rassembler son camp, et cette tâche n'est pas pour lui prioritaire, alors qu'elle l'était pour l'ancien président. En outre, comme il le soulignait en mars lors d'une rencontre avec Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy estime que Laurent Wauquiez joue un jeu dangereux en misant sur une opposition entre urbain et rural, notamment pour s'en prendre à Emmanuel Macron, "président des riches" mais aussi "des villes".
"Nicolas Sarkozy aimerait voir ses conseils davantage écoutés", résume un sarkozyste cité par le quotidien libéral, alors qu'un autre surenchérit: "Il n’y a pas seulement un froid entre Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez, il y a un froid entre Laurent Wauquiez et le reste du monde".
"Les européennes seront le juge de paix"
Enfin, les deux hommes sont en désaccord sur les élections européennes de 2019. "Les européennes seront le juge de paix", a déclaré Nicolas Sarkozy à plusieurs élus. Il estime que Laurent Wauquiez devrait être tête de liste pour ce scrutin, alors que pour ce dernier, ce n'est pas le rôle des chefs de parti.
"Si vous vous attendez à ce que, face aux premières difficultés, je change de cap, alors, vous apprendrez à me connaître parce que j'ai de la constance et je n'ai pas l'intention de changer", a prévenu Laurent Wauquiez samedi avant une réunion publique dans la Loire, face aux doutes qui s'expriment en interne. A moins que Nicolas Sarkozy ne parvienne à le convaincre du contraire mercredi.