"L'obligation d'être efficace": Vincent Jeanbrun favorable à l'idée d'"externaliser" la demande d'asile

Vincent Jeanbrun à l'Assemblée nationale le 8 juillet 2024 - Bertrand GUAY / AFP
En position de force au gouvernement, la droite pousse son avantage. À quelques heures d'une visite à la frontière franco-italienne de Michel Barnier et de Bruno Retailleau sur la lutte contre l'immigration irrégulière, le député Les Républicains (LR) Vincent Jeanbrun soutient l'idée de la création de centres de rétention en dehors des frontières de l'Union européenne.
"C'est quelque chose à regarder de près, à étudier. On a l'obligation d'être efficace" pour lutter contre l'arrivée de migrants, juge le député du Val-de-Marne et porte-parole du groupe LR à l'Assemblée sur TF1 ce vendredi.
Une proposition de la droite lors de la dernière présidentielle
Avec en source d'inspiration: l'Italie. Un peu moins d'un an après la signature d'un accord controversé entre Rome et Tirana, les premiers migrants arrêtés dans les eaux italiennes sont arrivés le 16 octobre en Albanie, où leur demande d'asile sera externalisée.
Une fois débarqués, une quinzaine d'hommes originaires d'Égypte et du Bangladesh ont été enregistrés dans le premier centre crée par les Italiens en Albanie, des préfabriqués installés sur le port entourés de hautes grilles et gardé par les forces de l'ordre italiennes, avant d'être emmené dans un centre de rétention.
Les migrants y sont détenus en vertu d'une mesure de rétention administrative décidée par le préfet de Rome, dans des préfabriqués de 12 m² entourés de hauts murs et de caméras et surveillés par la police, dans l'attente du traitement de leur demande d'asile.
Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement a indiqué jeudi sur Sud radio que le gouvernement "étudiait" cette possibilité. Très proche de Valérie Pécresse, Vincent Jeanbrun a rappelé de son côté que c'était "l'une des propositions" de la candidate LR pendant la campagne présidentielle de 2022.
La présidente de la Région Ile-de-France appelait dans son programme à "l'obligation de déposer les demandes d'asile à l'étranger ou à la frontière"." Dans ce cas, "les demandeurs seront placés dans des centres dédiés fermés et renvoyés si leur demande n’est pas acceptée", peut-on encore y lire.
Macron "sceptique" sur la mesure
Les chefs d'État européens ont débattu ce jeudi à Bruxelles de ce qu'Ursula Von der Leyen, la patronne de la commission européenne qualifie de "hubs de retour".
Des pays européens "entendent ce que nous disons depuis des années", s'est réjouie la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen, de passage à Bruxelles pour une réunion des Patriotes pour l'Europe, troisième force politique du Parlement européen après les élections de juin.
Plusieurs responsables européens ont, eux, pris leurs distances, dont Emmanuel Macron qui s'est dit "sceptique".
En mai dernier, l'Union européenne a adopté le pacte migration et asile, censé entrer en vigueur mi-2026, avec un durcissement du "filtrage" aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27 dans la prise en charge des demandeurs d'asile. Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, veut accélérer sa mise en place tout en planchant sur une nouvelle loi immigration en début d'année prochaine.