Derrière le débat Fillon - Copé, la guerre de l'héritage Sarkozy

Jean-François Copé et François Fillon - -
Il y a foule ce mercredi midi chez Thoumieux: photographes, caméramans, et quelques badauds se sont amassés devant l'entrée de la brasserie du 7ème arrondissement de Paris, où François Fillon a invité Nicolas Sarkozy à déjeuner. Un rendez-vous en tête à tête, mais pas si privé. La presse a été prévenue avant des moindres détails de la rencontre.
"Il fallait bien des photographes pour immortaliser tout cela", explique un proche de l'ancien Premier ministre. À quelques heures du débat qui l'oppose à son adversaire pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé, et à quelques semaines de l'élection, François Fillon a tenu à rassurer les militants : lui aussi entretient de bonnes relations avec l'ancien président de la République, lequel a bien voulu participer à ce rééquilibrage bien orchestré.
Une guerre à "qui est le plus proche de Nicolas"
Car dans cette course à "qui est le plus proche de Nicolas", Jean-François Copé a pris une longueur d'avance. Lui qui n'a en réalité jamais été dans les petits papiers de Nicolas Sarkozy laisse désormais croire qu'il est devenu son nouveau confident, fuitant méthodiquement toutes les fois où lui et l'ancien chez de l'État ont pu se rencontrer. Comme à la mi-octobre, quand le secrétaire général de l'UMP et ses proches se sont rendus au 77 rue de Miromesnil, dans les bureaux de Nicolas Sarkozy situés à quelques encablures du palais de l'Elysée. L'ancien président de la République y remettait l'insigne de l'Ordre national du mérite au directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, lequel ne s'était jamais fait remettre son insigne.
Le rendez-vous était pris de longue date, mais qu'importe. Les proches de Jean-François Copé ont interprété ce geste comme un appui évident de l'ancien chef de l'État à l'égard du candidat à la présidence de l'UMP, quand bien même l'entourage de Nicolas Sarkozy martèle qu'il ne souhaite aucunement se mêler de la campagne. "Personne ne peut se targuer de son soutien", affirme-t-on ainsi.
Capter l'attention des militants
Son soutien, réel ou fantasmé, pèsera pourtant au moment des votes, dans un affrontement qui n'intéresse pour l'instant que très peu les sympathisants de droite (seulement 22% d'entre eux, selon un récent sondage).
Conscients de la nécessité de capter l'attention de militants encore traumatisés par la défaite de leur champion à la dernière élection présidentielle, les candidats enchaînent les références à Nicolas Sarkozy. L'ancien Premier ministre ne manque ainsi pas une occasion pour rappeler son expérience aux côtés d'un Nicolas Sarkozy qui, chose exceptionnelle, lui a accordé sa confiance tout au long de son mandat. De son côté, Jean-François Copé répète à longueurs de meeting qu'il admire "son courage et sa droiture", tout en rassurant les militants encore attachés à Nicolas Sarkozy : "quelles que soient ses décisions futures, je serai à ses côtés". Comprendre : s'il revient en politique, je ne lui barrerai pas la route.
Une façon de rassurer ceux qui s'inquiètent des ambitions de l'actuel secrétaire général de l'UMP, dont la campagne très droitière rappelle étrangement la stratégie entreprise par Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne présidentielle. Pis, certains voient dans le débat de jeudi soir un tour de chauffe avant la Primaire de 2016 que le parti d'opposition a promis d'organiser pour désigner le candidat de la droite pour 2017.
C'est pour éviter toute confusion des genres que François Fillon et Jean-François Copé veulent de ce rendez-vous dont les deux hommes se seraient bien passé qu'il soit le moins conflictuel possible. Sera-t-il au moins question de Nicolas Sarkozy ?