Congrès UMP : le jeu des sept familles

Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé - -
Sept sensibilités, sept ambitions, sept motions. Comme pour les candidatures à la présidence de l'UMP, les divers clans du parti ont déposé une motion en vue de la soumettre aux suffrages des militants UMP. Quelque peu éclipsée jusqu'à présent par le duel Fillon-Copé pour la présidence de l'UMP, la reconnaissance officielle des courants, disposition prévue par les statuts fondateurs de l'UMP en 2002 mais jamais appliquée, constitue l'autre grand enjeu du congrès du 18 novembre. Chaque motion ayant franchi la barre des 10% de votants bénéficiera de moyens financiers proportionnels à son score et de postes dans l'exécutif de l'UMP. Photo de famille des sept mouvements qui vont rivaliser au congrès…

"France moderne et humaniste"
La motion "France moderne et humaniste" rassemble derrière les humanistes Jean-Pierre Raffarin (pro-Copé) et Jean Leonetti (pro-Fillon) les libéraux de Luc Chatel, membre du ticket Copé, et les centristes de l'UMP, ainsi que le président des jeunes populaires Benjamin Lancar. Près d'une centaine de parlementaires, dont Marc Lafinneur, Axel Poniatowsy, Hervé Mariton ou encore Marc Pilippe Daubresse, l'ont signée. Son objectif est simple : être le courant numéro un du parti ou du moins faire contrepoids à la Droite populaire. Dans un communiqué publié le 12 septembre sur son site Internet, Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé son opposition au socialisme, et défendu des valeurs sociales, libérales et européennes. "Le sens de notre engagement : faire de l’Homme l''essentiel' de toute action politique, faire de la France un pays prospère, où la liberté, la responsabilité, la subsidiarité sont les leviers d’une République forte, ouverte et moderne", écrit l'ancien Premier ministre.

La droite populaire
La Droite populaire de l'ancien ministre Thierry Mariani, et des députés Lionnel Lucca et Eric Raoult, autoproclamée "collectif parlementaire pour la liberté d'expression", représente l'aile droite de l'UMP. La droite populaire s'est fait connaître dans les dernières années du quinquennat Sarkozy en occupant le terrain médiatique sur les questions à fort pouvoir clivant, liées à la sécurité et à l'immigration, notamment, mais aussi au mariage homosexuel, question qui avait agité bon nombre des parlementaires qui la compose. Christian Vanneste, en premier lieu. Mais aussi la députée du Tarn-et-Garonne Brigitte Barèges, qui s'était faite connaître en lançant au sujet du mariage homosexuel "et pourquoi pas des unions avec des animaux ?", ou encore le député du Rhône Philippe Meunier pour qui l'ouverture du mariage aux couples de même sexe n'est qu'un "caprice de Bobo". Chaque sortie médiatique de la branche dure de l'UMP est faite pour marquer les esprits et canaliser les haines et frustrations de certains militants excédés par le discours trop politiquement correct du parti. Durant la campagne présidentielle, elles avaient également pour objectif de ratisser large, voire de récupérer l'électorat du Front national.

Les Gaullistes
La motion des Gaullistes est le fruit de la réunion des chapelles gaullistes de l'UMP, regroupement du "Gaullisme du Renouveau" de l'ancienne présidente du RPR Michèle Alliot-Marie et du "Rassemblement gaulliste" du copéiste Roger Karoutchi. Ses deux autres premiers signataires sont fillonistes : il s'agit de l'ancien président du Sénat Gérard Larcher et l'ex-ministre Patrick Ollier, président de l'Amicale gaulliste de l'Assemblée nationale. L'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, ainsi que l'éphémère postulant à la présidence de l'UMP Henri Guaino en font partie. "Nous qui nous réclamons du gaullisme voulons faire vivre ses valeurs afin qu'elles orientent le projet de l'UMP. Nous souhaitons que, tous ensemble, nous nous battions pour une société plus juste et plus solidaire dont l'Homme doit être le souci premier, dont l'Etat soit un élément d'équité, de justice, d'équilibre des territoires, dont l'autorité soit garante de sécurité. Nous entendons que la France compte et pèse dans une Europe des Etats-Nations qui, par sa force et sa détermination deviendra essentielle pour l'équilibre du monde multipolaire", peut-on y lire.

La droite sociale
La Droite sociale, de l'ex-ministre Laurent Wauquiez, par ailleurs membre du ticket Fillon pour la présidence de l'UMP, et qui s'était illustré durant la campagne présidentielle en dénonçant les dérives de l'assistanat, "cancer de la société" selon lui, est axée sur la "défense des classes moyennes". "Nous voulons être force de propositions, sans se laisser intimider par le politiquement correct, pour défendre la place des classes moyennes et restaurer les équilibres entre les droits et les devoirs, en refusant les dérives de l’assistanat", est-il écrit en introduction de la motion qui propose, notamment, de "demander en contrepartie du versement du RSA des heures de travail d’intérêt général" ou de "renforcer la lutte contre les fraudes fiscales et sociales".

La droite forte
"Nous sommes fiers d'être français, nous sommes fiers d'être de droite, nous sommes fiers d'être sarkozystes". C'est ainsi que commence la motion "la droite forte". Son credo ? Le sarkozysme. Pur et dur. Son slogan : "fiers d'être sarkozystes". Rien d'autre. Ce nouveau mouvement est porté par les jeunes sarkozystes Guillaume Peltier, ex-frontiste passé au MNR de Brunot Mégret et au MPF de Philippe de Villiers, révélation de la campagne présidentielle 2012, de Geoffroy Didier et de la numéro 2 des jeunes populaires, Camille Bedin. La droite forte a un temps tenté de s'adjoindre l'appellation "Génération Sarkozy" avant de renoncer sur demande de l'ancien chef de l'Etat. La droite forte a pour parrains Brice Hortefeux et Bernard Accoyer et regroupe une vingtaine de parlementaires.

"Demain la droite"
"Demain la droite", motion "100% militante et 100% terrain" et se définit comme la première "génération UMP", regroupe une quarantaine de jeunes du partis, emmenés par Franck Allisio, président des Jeunes Actifs UMP, la nouvelle députée de Haute-Savoie, Virginie Duby-Muller, Mathieu Darnaud, le conseiller régional de Rhône-Alpes, ainsi qu'"une dizaine de jeunes cadres et élus". La motion veut mettre "le renouvellement et la reconquête" au cœur du projet de l'UMP et "rassembler tous les adhérents et les militants qui se fixent pour mission d'identifier les nouvelles frontières et les nouvelles idées de demain". Parrainés par une majorité de femmes dont Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a voulu concourir à la présidence du parti, avant de devoir jeter l'éponge.

La "boîte à idées"
La "Boîte à idées", motion "anti-division" déposée par un collectif de 30 jeunes militants de l'UMP pour "porter une voix de renouveau, unitaire et militante" a reçu le soutien de 18 parlementaires, dont les anciens ministres Benoist Apparu, Hervé Gaymard et Bruno Le Maire, qui a tenté d'être candidat à la présidence du parti.