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Augmentation du temps de présence des enseignants: la proposition de Nicolas Sarkozy divise

Nicolas Sarkozy lors d'un meeting à Marcq-en-Barœul, dans le Nord, le 21 septembre 2016

Nicolas Sarkozy lors d'un meeting à Marcq-en-Barœul, dans le Nord, le 21 septembre 2016 - François Lo Presti - AFP

Nicolas Sarkozy, comme plusieurs autres candidats à la primaire de droite, propose d'augmenter le temps de présence des enseignants dans leurs établissements en contrepartie d'une hausse de salaire. Mais pour les syndicats, le problème est pris à l'envers.

C'est un serpent de mer. La question du temps de présence des enseignants à l'école est régulièrement relancée. Cette fois, c'est Nicolas Sarkozy qui a rouvert le débat. S'il a souvent entretenu des relations plutôt fraîches avec le corps enseignant, le programme pour 2017 de l'ancien président risque de ne pas les réchauffer. Le candidat à la primaire de droite souhaite, s'il est élu à l'Elysée, augmenter le temps de travail des professeurs.

"Enseignant, c'est un métier admirable et difficile. Mais (…) le sommet de la hiérarchie des professeurs -un agrégé- c'est 15 heures d'obligation de service par semaine, six mois de l'année. Un professeur des écoles, c'est 24 heures", a-t-il déclaré sur Europe 1 ce lundi. "Mon idée, c'est d'augmenter de 25% leur temps de travail, d'augmenter d'autant leur rémunération, ce qui permettra d'avoir du temps disponible pour s'occuper des enfants qui n'arrivent pas à suivre après la classe".

Fillon, Juppé et Le Maire du même avis

Un point de vue partagée par d'autres candidats à la primaire, comme François Fillon. L'ancien Premier ministre souhaite lui aussi accroître le temps de présence des enseignants "pour accompagner les élèves", rapporte la fondation Ifrap, qui analyse les performances des politiques publiques et a comparé les différents programmes des candidats.

"Le temps de présence supplémentaire pourra aussi être consacré à de nouvelles formes de contact avec les parents, notamment dans les secteurs défavorisés", précise François Fillon dans son programme.

Tout comme Alain Juppé, qui propose également de renforcer la présence des professeurs "pour corriger les copies et recevoir les élèves et leurs parents en contrepartie d'une hausse de salaire de 10% pour les enseignants du premier degré", rapporte le think thank.

Ancien ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, qui brigue également l'investiture républicaine, estime que "la valorisation des enseignants doit passer par une augmentation salariale en contrepartie d'une augmentation du temps de cours". Soit 26 heures en primaire, 20 heures au collège et 18 heures au lycée, détaille-t-il sur son site internet.

"Le travail ne se limite pas à la présence en classe"

Ce qui n'est pas pour plaire aux principaux intéressés. Selon Albert-Jean Mougin, vice-président du Snalc, le Syndicat national des lycées et collèges, la question du temps de travail des enseignants n'a rien à voir avec la hausse des salaires.

"L'urgence pour nous, c'est une amélioration des conditions de travail et la nécessaire et impérative revalorisation", assure-t-il à BFMTV.com. "Le métier n'attire plus et doit être revalorisé. Ce qui suppose d'augmenter le salaire sans pour autant augmenter le temps de présence."

"Un tour de passe-passe budgétaire"

Pour certains syndicats, cette mesure serait même le moyen de faire des économies budgétaires. "C'est un tour de passe-passe: supprimer des postes et demander aux enseignants de faire des heures gratuitement", regrette Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT, joint par BFMTV.com.

Sans compter que, selon lui, le travail des enseignants est loin de se limiter aux heures de présence en classe. 

"Une autre partie du métier est trop souvent oubliée, un travail invisible et passé sous silence qui ne doit pas être sacrifié. Car le cours en classe n'est que la concrétisation d'un travail effectué en amont, à côté, et en équipe. Et il n'y a pas besoin d'assigner un professeur à résidence pour que ce travail soit fait, il l'est déjà, c'est l'une de ses missions clairement explicitées. Et ce n'est pas un travail qui se décline en heures de présence".

Selon Frédéric Sève, cette proposition "de primaire mais aussi primaire dans l'analyse" est "une vieille rengaine à droite". Le syndicaliste se dit "confondu par l'ignorance de nos politiques de la réalité". 

"Une proposition démagogique"

Une analyse simpliste du travail des professeurs que dénonce également Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, syndicat des enseignants du premier degré et du second degré.

"C'est une proposition démagogique qui démontre une mauvaise connaissance du travail des enseignants", regrette-t-il pour BFMTV.com. "En réalité, la durée de travail hebdomadaire des enseignants est plus proche des 40 heures."

Et selon lui, un tel propos contribue à dégrader l'image des enseignants dans l'opinion publique. "Mais les politiques n'ont qu'à venir voir la réalité, ils verront que les collègues ne comptent ni leurs heures, ni leur investissement."

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV