BFMTV
Politique

Les éléments qui empêchent le FN de conquérir de nouveaux électeurs

placeholder video
Le FN est-il en mesure de remporter une élection nationale? Pas si sûr. De nombreux éléments de son programme l'empêchent encore de convaincre de nouveaux électeurs, et c'est tout l'objet du séminaire du Front national organisé en cette fin de semaine à huis clos.

"Le FN n'est pas un parti comme les autres". C'est en substance ce qui ressort des enquêtes d'opinion menées auprès des Français depuis plusieurs années, alors que le Front national est réuni en cette fin de semaine pour trois jours de séminaire à huis clos, à la recherche de recettes pour crever son "plafond de verre" dans les urnes. Celui qui l'empêche d'accéder au pouvoir, et qui obsède les hiérarques du FN, à moins d'un an de la présidentielle. Le parti d'extrême droite a certes réalisé son meilleur cumul de voix aux dernières élections régionales, mais le second tour reste, pour le parti de Marine Le Pen, un véritable obstacle.

> Un manque de crédibilité 

C'est la première pierre d'achoppement entre le FN et l'électorat français. Le parti de Marine Le Pen n'a jamais intégré un gouvernement, et ses expériences municipales n'ont pour l'instant pas vraiment porté leur fruits. Prises en 1995, les villes de Toulon, Orange et Vitrolles (en 1997) avaient aussitôt changé de bord politique en 2001. 

Pour Emmanuel Rivière, de l'institut TNS-Sofres, c'est le principal problème du Front national. "Depuis quatre ou cinq ans, le Front national est bloqué à 36% de confiance en termes de crédibilité gouvernementale" explique-t-il. Un manque de confiance qui trouve sa source dans une mesure phare du parti à la flamme: la sortie de la zone euro. Martelée depuis 2002, cette idée peine à convaincre les Français.

Selon les études des instituts de sondage, seul un Français sur quatre serait favorable à une sortie de la France de la zone euro, une proportion qui monte à un sur deux au sein des sympathisants du FN. Selon Yves-Marie Cann, de l'institut Elabe, ce rejet s'explique simplement: "Il y a une permanence dans les esprits de la croyance que l'union fait la force. Or sur ce point, l'union passe par l'Union Européenne, et donc par l'euro".

> Le risque d'une atteinte à la République

L'autre élément majeur qui bloque le FN dans son ascension tient à son identité. Malgré les tentatives de Marine Le Pen pour dédiaboliser le parti de son père, le Front national reste dans l'opinion durablement associé à l'extrême droite la plus dure.

Une opinion qui empêche par exemple les plus âgés de voter pour le FN. "Ils ont sans doute en mémoire l'époque ou Jean-Marie Le Pen faisait des clins d'oeil aux révisionnistes, aux nostalgiques de l'Algérie française en leur disant qu'ils étaient chez eux au FN", avance Emmanuel Rivière. 

Un avis qui s'exprime aussi par un rejet des excès du Front national. Chez TNS-Sofres, on enregistre 56% de Français qui pensent que le FN serait un danger pour la République. Un sentiment provoqué par certaines positions historiques du parti, notamment la peine de mort et l'identité nationale. Au sein même de l'électorat frontiste, un nombre important d'électeurs se disent "d'accord avec le constat, mais pas avec les idées".

> La personnalité de Marine Le Pen

Dernier obstacle pour le FN et pas des moindres: Marine Le Pen. Si la fille du clan Le Pen réussit mieux que son père en termes de popularité, elle a pourtant du mal à grimper dans les sondages. Elle cumule 25% d'opinions positives selon le dernier sondage Elabe, mais s'attire aussi les foudres de 54% des électeurs qui en ont une "image très négative".

Une personnalité qui, si elle avait dans un premier temps attiré l'électorat féminin, ne parvient pas à le convaincre complètement. Celui-ci reste très en retrait dans l'électorat FN (seules 27% de femmes se disent attirées par le FN, alors qu'elles étaient 33% en 2014), sans doute rebuté par les récentes polémiques soulevées par le parti au sujet du planning familial et de l'avortement.

Paul Aveline