Les dossiers chauds qui attendent François de Rugy

Emmanuel Macron et François de Rugy - LUDOVIC MARIN / AFP
Le programme est chargé pour François de Rugy, nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, qui a pour tâche - difficile - de succéder au populaire Nicolas Hulot dans le combat pour l'écologie et contre "les lobbys" qui entravent l'action du titulaire de ce portefeuille. L'ancien président de l'Assemblée nationale pourra toutefois compter sur son expérience politique pour compenser ce déficit de charisme.
"Test immédiat"
Tout en haut de la pile de dossiers: la question du nucléaire. Le nouveau ministre devra batailler fin 2018 sur la nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l'énergie pour les dix prochaines années. Cette feuille de route doit permettre de concrétiser les engagements de loi de transition énergétique de 2015. Nicolas Hulot avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse sur la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français, passant théoriquement de 75 à 50% d'ici 2025.
Ce texte devait notamment, d'après les vœux de Nicolas Hulot, donner précisément les noms des réacteurs qui devront fermer autour de la fin de la prochaine décennie. Déjà mécontent, EDF devrait tenter de retarder la fermeture de ces installations nucléaires. François de Rugy aura donc fort à faire, au sein d'un gouvernement dirigé, en la personne d'Édouard Philippe, par un ancien directeur d'Areva.
"Là on aura un premier test de sa volonté de défendre ou non la politique menée par Nicolas Hulot. Y-aura-t-il de nouveaux réacteurs prévus ou pas? Combien de réacteurs nucléaires vont fermer? Ce sont des questions extrêmement simples, et ce sera un test immédiat", analyse sur notre antenne Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement.
"Il était pour une sortie du nucléaire d’ici 2040, donc il va arriver avec des convictions personnelles qui sont à l’opposé de ce que le gouvernement est en train de mettre en place", prévient sur BFMTV le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard.
Énergies renouvelables
L'objectif de François de Rugy est de développer les énergies renouvelables, alors que les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en France en 2017. Après le solaire et l'éolien terrestre, l'avenir des énergies marines est notamment sur la table.
Le résultat de l'appel d'offres du parc éolien marin de Dunkerque doit être annoncé en 2018, tandis qu'un appel d'offres pour l'île d'Oléron annoncé lors du précédent quinquennat, est attendu. Dans l'éolien flottant, les acteurs attendent un premier appel d'offres commercial.
La France, mise en demeure par la Commission européenne en 2015 d'ouvrir à la concurrence ses concessions hydroélectriques, aurait proposé à Bruxelles la mise en concurrence de certaines concessions dès cette année qui limiterait la place d'EDF.
Le développement des énergies renouvelables passe par une série de propositions déjà sur la table: réduction des délais administratifs pour la construction d'installations vertes, meilleur intéressement financier des communes pour l'équipement écologique, réduction des contentieux...
Transports: vers de nouvelles taxes?
Le projet de loi d'orientation sur les mobilités doit être présenté à l'automne. En cours de finalisation, le texte comprend des volets sur la programmation des infrastructures, l'évolution des compétences des diverses autorités locales, les mobilités propres (qualité de l'air, circulation en ville...). La partie "recettes" risque de faire grincer des dents, si l'Etat choisit d'instaurer une vignette poids lourds ou des péages sur des routes gratuites.
Le ministère des Transports, qui dépend de celui de la Transition écologique, doit présenter en septembre un "plan vélo" visant à multiplier par trois la part du vélo d'ici 2024, avec la construction de pistes cyclables, des incitations... Les associations demandent 200 millions d'euros par an, ce que Nicolas Hulot avait qualifié de "faisable".
Agro-alimentaire et biodiversité
Avec le maroquin de ministre de la Transition écologique, François de Rugy héritera également de dossiers suscitant une véritable guérilla avec le ministère de l'Agriculture et son tuteur, Stéphane Travert. Parmi les points chauds figurent notamment l'interdiction du glyphosate, la réduction de l’utilisation des pesticides ou encore la réforme de la politique agricole commune (PAC).
Après la présentation en juillet d'un plan biodiversité sans grandes mesures contraignantes, certains défenseurs de l'environnement craignent que la question de la biodiversité retombe dans l'oubli. Se pose la question de définir l'échéance de l'objectif de zéro artificialisation nette des sols ou la mise en oeuvre de la réforme de la chasse.
Rendez-vous internationaux
Sur la scène internationale, au devant de laquelle la France a placé son ambition en brandissant le slogan "Make our planet great again", un sommet crucial attend le nouveau locataire de l’hôtel de Roquelaure. En décembre prochain se tient en effet la 24e conférence annuelle de l'ONU sur les changements climatiques (COP24) devant concrétiser l'Accord de Paris adopté en décembre 2015.
Cette conférence a pour objectif de préciser le détail technique des réductions des gaz à effet de serre. Elle doit également permettre de lancer le "fonds vert" destiné à aider les pays en voie de développement à entrer dans la transition énergétique, et d'instaurer le suivi quinquennal de l'action des pays signataires.