Le sous-marin Hollande et la fusée Sarkozy

Cinq mois après l’élection présidentielle, que sont-ils devenus ? « Ils », ce sont François Hollande et Nicolas Sarkozy. Dans quel état d’esprit sont-ils et comment voient-ils l’avenir ?

Plaçons la barre haute, ce matin : allons dans la tête de François Hollande et Nicolas Sarkozy. Dans la tête de François Hollande, il y a d’abord une grande lucidité sur son avenir proche. A quelques amis, sa bande de copains, il a confié récemment : « Vous verrez, à Noël, je ne pourrai même plus sortir dans la rue tellement je serai impopulaire. Il faudra tenir bon, je vous demande d’être patients » les a prévenus François Hollande. Alors, vous pensez, avec les sondages de ce week-end (et notamment celui du Journal du Dimanche), François Hollande n’a pas été surpris. 56% de Français mécontents, avec une chute libre de 12 points en un mois, c’est du jamais vu depuis la dégringolade de Jacques Chirac après le référendum sur l’Europe de 2005 et le Général de Gaulle au lendemain de l’indépendance de l’Algérie. Une descente aux enfers qui ne fait que commencer, de l’avis même de François Hollande.

On a l’impression que le président est résigné. Ne va-t-il rien faire pour endiguer cette baisse accélérée ?

Apparemment non, le président a décidé de laisser passer l’orage. Le sous-marin Hollande se prépare pour une longue immersion, très lucide sur l’état de l’opinion. Il pense d’ailleurs que les Français n’ont pas encore tous pris conscience des mauvaises nouvelles. Hausse du chômage, budget 2012, hausse des impôts, fin des avantages fiscaux sur les heures supplémentaires, dans quelques mois, tout cela voudra dire du pouvoir d’achat en moins. Mais François Hollande estime qu’il n’y a pas d’autre solution et croit que sa politique portera ses fruits dans quelques mois. Contrairement à Lionel Jospin qui avait commencé avec la croissance et avait terminé avec le début de la crise, François Hollande fait le pari qu’il profitera du retour de la croissance au milieu de son quinquennat.

Pourquoi les Français ont-ils été si vite déçus ?

Parce que beaucoup des électeurs de François Hollande n’avaient pas l’impression en mettant leur bulletin dans l’urne qu’ils votaient pour une politique raisonnable, une politique de rigueur. Les électeurs de gauche, comme souvent, ont cru à une autre politique. Mais la gauche qui est aujourd’hui au pouvoir, c’est la seconde gauche, celle de Mendès France et Jacques Delors, qui ne sont ni Léon Blum, ni le Mitterrand de 1981.

Cinq mois après, Nicolas Sarkozy, lui, est prêt pour sa nouvelle vie. Il s’apprête à faire décoller sa fusée.

Oui, sa fusée va décoller dans quelques jours, en octobre, et ça y est, la Fondation est prête. Une Fondation sur le modèle de ce qui existe aux Etats-Unis, les Fondations que dirigent Bill Clinton ou Jimmy Carter. Le rôle de cette Fondation Sarkozy, la première de ce genre qui ne sera pas dirigée par un Américain, sera d'intervenir dans les grandes affaires internationales pour tenter par exemple de résoudre des conflits insolubles (tels que la Syrie), de servir d’intermédiaire, d’arbitre, de facilitateur. Cette Fondation qui emploiera toute une équipe sera financée par l’appel au don et les conférences que donnera Nicolas Sarkozy qui en sera le président. En revanche pas question d’intervenir en France. Surtout si François Hollande lui demande une solution pour sortir dans la rue à Noël sans être pris à partie par les Français !

Pour écouter les Coulisses de la Politique de Christophe Jakubyszyn du lundi 24 septembre, cliquez ici.

Christophe Jakubyszyn