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Le pacte de François Hollande, tous les Français devront le signer

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

La proposition du Medef de réduire l’indemnisation du chômage et l’idée du gouvernement d’un gel du salaire des fonctionnaires relancent le débat sur les économies budgétaires et le pacte de responsabilité.

Ne faisons pas semblant de croire que tout repose sur un accord entre patronat et syndicats. Dans l’expression « pacte de responsabilité », le mot qui compte est « responsabilité ». Tout le monde doit prendre les siennes : patrons, salariés, Etat (donc les fonctionnaires), collectivités, retraités. Il y a un mois, F. Hollande a affiché 2 objectifs plus nets que d’habitude : baisser les charges des entreprises pour relancer l’emploi ; compenser par des économies budgétaires à un niveau absolument inédit (20 mds en un an, 50 à terme). On n’a toujours rien vu. Mais l’évidence, c’est que si tout le monde ferme les yeux, on n’est pas près de voir quoi que ce soit…

Pour l'instant, la discussion entre les syndicats et le Medef achoppe sur la question des fameuses "contreparties". Est-ce que le Medef doit s'engager à créer des emplois ?

Qu’il le fasse ou non ne changera rien : M. Gattaz n’a pas autorité sur les entreprises. Même s’il signait pour créer 1 million d’emplois, ça n’obligerait pas les patrons à le faire (ils ne le feront que si leurs entreprises en ont besoin). La vraie contrepartie du pacte, ce sont les économies budgétaires. Or 50 milliards d'euros, c’est du jamais vu en France (l’Allemagne a fait 80 milliards en 4 ans sous Schroeder). Pour y arriver, il faut des restrictions sur tous les budgets – y compris police, école et protection sociale. Le chef des députés PS, B. Le Roux, a raison de dire que le traitement des fonctionnaires n’est pas « tabou » ; rien ne peut l’être ! Parce qu’en réalité, ce sont nos finances qui sont… à bout.

Mais est-ce que les Français sont prêts à des sacrifices aussi importants. Est-ce que F. Hollande ne risque pas de rencontrer d'énormes résistances, y compris au sein de sa majorité ?

Il n’a pas le choix : il joue son quinquennat là-dessus. F. Hollande a déjà signé un pacte de responsabilité : avec le PS, les Verts et les Radicaux : ils sont sa majorité. C’est à ces alliés de choisir d’honorer ce pacte ou de le déchirer. Mais l’hésitation, la division, elle traverse tout le champ politique. Il y a 2 France : une qui ne veut pas de la rigueur, qui la trouve injuste, inefficace ou infondée ; et une qui s’y résout, à condition que l’effort soit réparti entre tous – une France du déni, une France du dépit. Le seul parti qui n’est pas divisé, qui est monolithiquement opposé à cette politique, c’est le FN. C’est ce qui fait sa force – M. Le Pen est ferme sur le déni ; mais son projet flirte avec le délire…

Il y a une autre hypothèse : que F. Hollande ait fait un coup tactique pour gagner du temps avant les municipales et les européennes. Est-ce qu'on peut imaginer qu'il n

C’est une reculade qui aurait un impact (désastreux) pour F. Hollande. Le fait est que dans son propre camp, même parmi ses ministres, le doute s’est installé. Sachant son goût pour la manœuvre, on peut imaginer qu’il a cherché à enjamber la séquence électorale pour limiter les défaites qui s’annoncent et se donner un peu d’air. Si ce n’est que ça, c’est un calcul qui va se retourner contre lui. Parce que la situation économique va encore s’aggraver et sa cote personnelle en dépend étroitement. La limite de toute stratégie du joueur d’échecs, c’est qu’elle peut se terminer par l’échec du joueur.

Hervé Gattegno