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"Une mauvaise idée": Élisabeth Borne pas favorable à la nouvelle loi immigration portée par Bruno Retailleau

L'ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, à l'Assemblée nationale le 22 octobre 2024

L'ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, à l'Assemblée nationale le 22 octobre 2024 - Alain JOCARD / AFP

L'annonce d'un nouveau projet de loi crispe une partie des macronistes, dont l'ancienne Première ministre. "C'est une mauvaise idée de passer son temps à vouloir remettre des lois, alors même que les décrets d’application ne sont même pas pris", lâche-t-elle en référence au précedent texte, adopté en décembre 2023.

Faut-il à nouveau légiférer sur l'immigration? Non, selon Élisabeth Borne, interrogée ce mercredi 23 octobre sur France Inter, alors que le gouvernement a annoncé un texte pour le début de l'année 2025.

"Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. Je pense même que c’est une mauvaise idée de passer son temps à vouloir remettre des lois, alors même que les décrets d’application ne sont même pas pris", lâche l'ancienne Première ministre, réélue députée du Calvados lors des dernières élections législatives de l'été dernier.

Elle évoque à ce titre les dispositions prises récemment. À la fois au niveau européen - avec le pacte asile immigration - et à l'échelle nationale, la dernière loi sur le sujet ayant été adoptée en décembre 2023. Non sans provoquer de vifs débats: la gauche avait dénoncé des mesures instaurant la "préférence nationale", défendue de longue date par le Rassemblement national.

Cette position d'Élisabeth Borne s'inscrit à l'inverse de celle du très droitier ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, mais rejoint celle d'une partie des macronistes, dont Gabriel Attal.

Le premier voit en ce nouveau texte l'opportunité de remettre sur la table des dispositions de la précédente loi censurées par le Conseil constitutionnel. Il avait largement contribué à les ajouter au projet de loi initial en tant que chef des sénateurs LR.

Parmi elles: le rétablissement du délit de séjour irrégulier, le durcissement du regroupement familial ou encore l'allongement de la durée de résidence nécessaire aux étrangers pour bénéficier des prestations familiales.

Les seconds gardent sûrement le souvenir douloureux d'un texte adopté à l'Assemblée nationale avec les voix de l'extrême droite après un durcissement du texte sous pression de LR. 20 députés du parti présidentiel, sur 170, s'étaient prononcés contre, tandis qu'Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé (il siège désormais au groupe du PS à l'Assemblée, NDLR) avait démissionné.

Certains macronistes, à l'image de l'ancien ministre Rolland Lescure, espèrent qu'il ne s'agissait pas d'un "appel du pied au Rassemblement national" avant l'examen du budget.

Il faut dire que ce texte satisfait une ligne rouge de l'extrême droite: Marine Le Pen avait demandé de reprendre "a minima les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel" lors de la déclaration de politique générale de Michel Barnier le 1er octobre, laissant planer au passage la menace d'une censure.

Baptiste Farge