"Du mauvais Trump": le député des Français d'Amérique du Nord dénonce la proposition de Wauquiez sur les OQTF

Pour Roland Lescure ce "n'est pas au niveau". Le député des Français d'Amérique du Nord (Renaissance) a dénoncé ce mercredi 9 avril sur TF1 la proposition du chef des députés LR, Laurent Wauquiez, d'"enfermer" dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon les "étrangers dangereux" soumis à des obligations de quitter le territoire français (OQTF).
"Cela m'inspire du mauvais Donald Trump", tacle Roland Lescure. Si le président américain "a fait cela avec un certain succès pendant six mois de campagne", en 2024, en prononçant "chaque jour une outrance de plus pour faire la nouvelle", "la France ce n'est pas l'Amérique", recadre l'ancien ministre délégué chargé de l'Industrie. "Et Laurent Wauquiez, ce n'est pas Donald Trump".
"N'importe quoi"
Par ailleurs, "cette mesure est à la fois méprisant(e) pour les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon, indécent(e) pour les OQTF en question et "totalement inopérant(e)", juge-t-il. Avant de se justifier sur ce dernier point:
"Pour aller à Saint-Pierre-et-Miquelon, il faut passer par le Canada. Donc, vous imaginez que l'on va faire des laissez-passer consulaires pour envoyer des OQTF à Montréal pour ensuite les emmener dans des petits avions ou des petits bateaux pour aller à Saint-Pierre-et-Miquelon. C'est ridicule."
"Ce n'est pas parce que l'on est en campagne que l'on peut se permettre de dire n'importe quoi", tance également Roland Lescure, alors que Laurent Wauquiez cherche depuis plusieurs semaines à prendre l'avantage sur le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, son concurrent pour la présidence de LR.
Déplorant que la rétention administrative pour les étrangers dangereux sous OQTF soit limitée à 90 jours - sauf en cas d'infraction terroriste - Laurent Wauquiez souhaite leur mettre la pression pour qu'ils acceptent de repartir dans leur pays.
"Ils auraient une seule alternative: soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux", dit-il dans une interview pour le JDNews publiée mardi, en arguant que ces personnes seraient bloquées à la douane si elles revenaient dans l'Hexagone, car ce territoire d'Outre-mer situé au large du Canada ne fait pas partie de l'espace Schengen.
Au micro de CNews, il a ensuite dit compter sur "l'effet dissuasif" du climat de cet archipel français situé à quelque 4.000 kilomètres de la métropole et qui compte un peu moins de 6.000 habitants, pour les inciter à repartir vers leur pays d'origine. Cette proposition a ensuite été dénoncée par une grande partie de la classe politique.