Mathilde Panot annonce saisir la justice pour des "faits de corruption" contre Gérald Darmanin

La présidente du groupe parlementaire de l'Assemblée nationale de La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot (au centre), prononce un discours lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française le 17 octobre 2023. JULIEN DE ROSA / - JULIEN DE ROSA / AFP
Déjà défait dans l'hémicycle et très affaibli politiquement, Gérald Darmanin va-t-il devoir affronter la justice? C'est en tout cas la volonté des députés insoumis, qui ont saisi la procureure de la République de Paris pour des "faits pouvant s'apparenter à de la corruption d'élus". Une démarche dénoncée comme "calomnieuse" par l'entourage du ministre auprès de BFMTV.
Un article de Libération a particulièrement agacé la gauche. Le quotidien rapporte que le cabinet de Gérald Darmanin aurait tenté de joindre le député LR Fabrice Brun pour lui promettre l'installation d'une brigade de gendarmerie dans son département en échange de son vote pour la loi immigration.
"Des méthodes crapuleuses"
Mais son entourage a appelé par erreur le député socialiste Philippe Brun qui porte le même patronyme.
"On m'a appelé pour me convaincre de voter la loi immigration. J'ai dû dire qu'il se trompait sur la marchandise", a raconté le député de gauche sur BFMTV.
Un article de Paris Match indiquait également fin novembre que "le ministre tente d'attirer dans ses filets les parlementaires LR" "avec des effectifs de police ou de gendarmerie supplémentaires".
"Des méthodes crapuleuses"
La présidente des députés écologistes Cyrielle Chatelain a de son côté dénoncé dans l'hémicycle ce mardi après-midi les "méthodes crapuleuses" du ministre de l'Intérieur. Elle a également accusé Gérald Darmanin de vouloir "ficher les députés du groupe Les Républicains qui demandent des régularisations" pour faire "du chantage".
Le locataire de la place Beauvau a évoqué à plusieurs reprises "l'hypocrisie" des élus de droite qui s'opposaient à la création d'un titre de séjour pour les métiers en tension accessibles aux travailleurs sans-papiers tout en demandant des régularisations en préfecture dans leur circonscription.
La méthode avait passablement agacé la droite. En conférence de presse, le patron des députés LR Olivier Marleix avait menacé en novembre de saisir de la commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), jugeant "illégale" qu'un ministre de l'Intérieur demande aux préfets "de lui faire remonter des informations sur les députés en collectant leurs informations".
"Pas d'éléments probants"
De quoi pousser le député de son groupe Benjamin Lucas à demander sur Sud Radio une commission d'enquête à l'encontre du locataire de la place Beauvau ce mardi matin.
Gérald Darmanin joue pour l'instant la carte de la sérénité. "Il n'y a pas d'éléments probants", assure l'un de ses proches, joint par BFMTV.com.
Interrogé sur l'appel au député Philippe Brun pour lui proposer l'installation d'une brigade de gendarmerie, son entourage rappelle que les effectifs en question avaient déjà été annoncés en octobre dernier par Emmanuel Macron.
"On ne va pas arrêter d'informer les élus de ce qui se passe dans le territoire au prétexte qu'il y a une loi immigration", tance encore l'un de ses proches.
Le lancement d'une commission d'enquête écologiste en la matière semble en tout cas peu probable. Ils disposent de la possibilité d'en lancer une par an et ont déjà annoncé en octobre dernier plancher sur le projet d'autoroute A69 contesté entre Castres et Toulouse.