BFMTV
La France Insoumise

"Les désaccords sont impossibles à LFI": Clémentine Autain explique sa rupture avec le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon

placeholder video
La députée de Seine-Saint-Denis est revenue en longueur au micro de BFMTV-RMC sur son départ de La France insoumise (LFI) à l'issue des élections législatives de 2024, alors qu'un livre épinglant la violence du fonctionnement interne du mouvement vient de paraître.

Cela fait un petit moment que Clémentine Autain questionne le fonctionnement interne de La France insoumise, elle qui jugeait déjà que le mouvement arrivait aux "limites du gazeux" le 29 août 2022 sur BFMTV-RMC. Mais, depuis la rupture aux législatives de 2024 et l'épisode de la "purge", un cap a été franchi.

La critique se veut même on ne peut plus clair ce jeudi 8 mai sur notre chaîne, au lendemain de la publication du livre La Meute, écrit par les journalistes Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (Le Monde), qui raconte LFI de l'intérieur. En décrivant la violence, la toute-puissance du chef Jean-Luc Mélenchon et le sort réservé aux voix trop dissonantes.

"Où est la machine à laver?"

"Ce livre, au fond, il explique pourquoi j’ai rompu avec La France insoumise parce que je suis fondamentalement attachée à la démocratie", avance Clémentine Autain sur BFMTV-RMC.

"Il y a eu une rupture parce qu’il n’est pas possible à l’intérieur de La France insoumise de ne pas être d’accord. Les débats stratégiques ne sont pas réglés de façon démocratique. On nous a souvent dit 'pourquoi vous ne le dites pas à l’intérieur' et nous nous avons souvent dit 'mais où est la machine à laver' (pour régler ces désaccords)", complète-t-elle.

Plusieurs épisodes la concernant sont relatés dans cet ouvrage. L’un revient sur son passage à France Info le 2 février 2024. Clémentine Autain met en cause la stratégie du mouvement parlant d’un "enjeu de profils de certains positionnements, du clash, de manques parfois à (s)on sens de solennité". Cela "nous a coûté, je crois", dit celle qui fait alors partie des "frondeurs" du mouvement, non retenus dans la direction en décembre 2022, comme François Ruffin, Alexis Corbière ou Raquel Garrido.

Sur la boucle Telegram des députés insoumis, Jean-Luc Mélenchon dénonce cette intervention: "Le sabotage de Clémentine Autain doit cesser!", écrit-il. "Les coups dans le dos en période de campagne électorale (élections européennes, NDLR) ne sont pas acceptables."

"Faire l’impasse sur la démocratie et développer une culture qui est viriliste, une culture de l'intimidation, eh bien peut-être dans un premier temps c’est efficace mais dans la durée c’est délétère", déplore l'intérésée ce jeudi sur BFMTV-RMC. Avant de convoquer l'histoire, celle du "XXe siècle". Et plus précisément, "l'espérence communiste (qui) s'est fracassée sur la question démocratique".

"Je ne crois pas, en l'état, que Mélenchon puisse accéder à l'Élysée"

Les critiques de celle qui siège désormais parmi les députés écologistes se font plus sur la forme que sur le fond. Disant se reconnaître "dans cette gauche de la gauche", elle précise en début d'interview: "Je n'ai pas rompu avec La France insoumise pour des raisons programmatiques, je partage le programme de l’Avenir en commun."

Jean-Luc Mélenchon est directement visé. "Je ne crois pas en l'état qu'(il) puisse accéder à l'Élysée", déclare Clémentine Autain, soulignant que "toutes les enquêtes d'opinion le montrent". Un argument balayé par les insoumis qui rappellent que leur champion a su se hisser au-delà des pronostics aux dernières élections présidentielles.

Par ailleurs, ces derniers ont mis en cause La Meute, présentant le livre comme un "collage de ragots et de fausses informations" par la voie du coordinateur national Manuel Bompard ce mardi. Celui-ci ajoutant: "On n'est pas critiques de fiction. Nous sommes députés. J’ai détecté des informations inexactes."

Si elle participe aux critiques contre Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain déplore que "taper" sur le leader de LFI soit "devenu un sport national". "Moi je n'ai pas envie d'hurler avec les loups, c'est-à-dire tous ceux qui sont nos ennemis politiques, dans ce moment de néo-fascisme un peu ambiant (...) Je ne me reconnais pas dans le fait que ce soit la priorité du débat médiatique."

Union de la gauche et potentielle candidature présidentielle

"L'heure tourne", souligne l'élue, qui juge que l'urgence est à l'union de la gauche pour la prochaine élection présidentielle. Cela "sans exclusive", en comptant "des députés, des militants de LFI". Alors que d'autres, comme le Premier secrétaire du PS Olivier Faure prônent une union sans le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain insiste:

"Quand on a l’extrême droite aux portes du pouvoir, quand on a pour l’instant dans les sondages, si nous sommes éclatés, une incapacité pour la troisième fois que la gauche soit au second tour, eh bien on arrête de se regarder le nombril et on se met au travail."

Au travail, Clémentine Autain y est déjà. La parlementaire mène un tour de France, prête à sortir du bois si le rassemblement appelé de ses voeux voyait le jour. "Je serai sans doute, si nous avons une démarche commune, candidate à représenter l'ensemble de la gauche et des écologistes", a-t-elle déclaré la semaine dernière. Mais un tel scénario peut-il encore voir le jour?

Baptiste Farge