L’UMP a enfin un Président : Nicolas Sarkozy

Hervé Gattegno - -
Eh oui ! Après 8 jours de tergiversations et de coups bas, c’est le fait décisif de cette crise. Rien n’est résolu… sauf l’essentiel. Depuis la défaite à la présidentielle, l’UMP avait un problème de leadership. L’élection interne était censée y remédier – mais c’est peu dire qu’elle n’a rien réglé, puisque quoi qu’il arrive, JF Copé et F Fillon vont sortir en lambeaux de ce psychodrame. Maintenant, l’UMP a retrouvé un chef. Et ce chef, c’est N. Sarkozy. On pourra voter 2, 3, 15 fois ou plus du tout, ça n’y changera plus rien.
Mais alors pourquoi dites-vous que tout le reste n’est pas réglé ? Vous ne croyez pas à un accord Copé-Fillon ?
A part l’autorité de N. Sarkozy, rien n’est assuré. Au passage, on mesure la différence avec A. Juppé : Juppé s’est mis en scène en sauveur, il a fait un flop. Sarkozy, lui, n’a rien dit publiquement mais en quelques heures, il a fait plier les 2 irréductibles – simple comme un coup de fil. Copé a dû accepter un nouveau vote et Fillon accepter qu’on ne refasse pas l’élection. Ça rappelle la formidable trouvaille de F. Mitterrand en 1984, pour mettre fin à la bataille sur l’école privée : le référendum sur le référendum. Le projet de réforme avait été enterré et le vote n’a jamais eu lieu. C’est tout le mal qu’on leur souhaite !
Mais N. Sarkozy exigerait un vote avant le mois de mars. Vous pensez que c’est une instruction qui peut ne pas être suivie ?
Il a obtenu une trêve, pas un armistice. S’il y a un référendum, il faut d’abord réformer l’organisation et le contrôle du vote pour éviter toute contestation – on ne nous refera pas le coup de la Cocoe ! Mais Copé refuse une direction collégiale et Fillon, lui, ne veut pas renoncer à son groupe dissident. Et si les adhérents votent oui, il faudra recommencer tout le processus : une 3è campagne ! La confusion va durer des semaines. Il vaudrait mieux réformer les statuts avant, puisque, on l’a vu, ils sont totalement inadaptés à la démocratie interne. Donc tout reprendre à zéro – ça tombe bien, c’est le niveau où est tombée l’UMP…
A votre avis, cette opération sauvetage de l’UMP, c’est une bonne opération pour N. Sarkozy ?
Ça se discute. C’est évidemment excellent pour son ego – et ça va forcément plaire à l’électorat de la droite, qui en fait toujours son leader favori. Mais c’est aussi beaucoup trop vite par rapport au scénario qu’il envisageait : s’éloigner de l’action politique au moins 2 ans, se faire oublier(ou plutôt regretter) et choisir le moment de son retour. Maintenant, les choses sont claires. S’il veut sauver l’UMP – et s’il veut que ça se sache – ce n’est pas pour mener une carrière de conférencier ! N. Sarkozy s’était mis en réserve. Il en est sorti. La France entière a compris qu’il est le patron de l’UMP. Chef de l’opposition, on verra. Candidat en 2017, n’en doutez plus.
Ecoutez ici le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce mercredi 28 novembre.