L'opposition fustige la prestation de François Hollande

De gauche à droite, le président de l'UMP Jean-François Copé, le président de l'UDI (centre-droit) Jean-Louis Borloo et la présidente du Front national Marine Le Pen. - -
Sans surprise, l’emploi est resté au cœur des priorités. Lors de ses premiers vœux aux Français en tant que président, François Hollande a insisté sur son ambition d’inverser la courbe du chômage « coûte que coûte ». L’allocation aura duré au total 8 minutes 30, lus derrière un pupitre gris sur fond de jardins de l’Elysée, des vœux qui ont provoqué de vives réactions dans l’opposition.
« Quel chemin souhaite-t-il prendre ? »
Roger Karoutchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine, estime que « on a l’impression que tout va très bien madame la marquise. J’ai dit ce que j’avais à dire, j’ai fait ce que j’avais à faire, et à partir de là je suis content. Mais le pays est en crise ! Ce n’est pas la faute de François Hollande, la crise est mondiale, mais le pays attend, il souhaite voir un chef de l’Etat proche des gens. Que sera la France au terme du mandat de François Hollande ? Quel chemin souhaite-t-il prendre ? On est restés sur notre faim : du rappel du passé, mais pas beaucoup de perspectives ».
« Aveu d’impuissance »
« Alors que nous espérions une vision lucide de la situation et des décisions courageuses pour notre pays, nous avons assisté à une triste opération d'autosatisfaction, d'un président en manque de crédibilité, qui mène notre pays dans l'impasse », déclare de son côté Jean-François Copé, président de l'UMP, dans un communiqué. Pour le président de l'UDI Jean-Louis Borloo, qui estime la situation « peu propice aux investissements » et réclame un plan de relance, le chef de l'Etat a fait un « aveu d'impuissance devant une situation dont il devient le seul responsable ».
« Le président devrait chausser les lunettes du réel »
Pour Florian Philippot, le vice-président du Front National, le discours a été trompeur car beaucoup trop positif face aux difficultés de la situation actuelle. « J’ai vu un président qui devrait chausser les lunettes du réel, car il semble décrire une situation qui n’existe pas pour les Français. Sait-il que nous sommes dans un pays qui a 5 millions de chômeurs ? Il aurait dû s’inspirer des vœux de madame Merkel en Allemagne, qui a dit la vérité aux Allemands, qui a dit que ça allait être très dur, qui n’a pas menti en disant par exemple que la crise de l’euro était réglée, car elle n’est en rien réglée. On a changé de président, mais on n’a pas changé de prompteur : toujours le même texte, les mêmes promesses, mais on n’a pas changé grand-chose pour les Français ».
Même propos pour Marine Le Pen, parfois au mot près, qui se demande : « François Hollande vit-il dans le même pays que les Français ? Son exercice d'optimisme imposé ce soir frisait l'indécence tant il était décalé du vécu réel de nos compatriotes, confrontés à une crise sans précédent, un chômage massif, une pauvreté galopante, des désordres majeurs liés à l'insécurité et à l'immigration », écrit-elle dans un communiqué. « Bref, il est temps que François Hollande chausse les lunettes du réel ».
« Discours en mode mineur »
A gauche aussi, certains responsables politiques expriment des regrets. Dominique Voynet, maire de Montreuil et responsable écologiste, regrette ainsi l’absence du droit de vote des étrangers dans les thèmes abordés par le président. « J’ai trouvé le discours du président un peu en mode mineur. Je suis assez déçue de voir que la promesse vieille de 30 ans, de mettre en place le droit de vote des étrangers aux élections locales pourrait une fois de plus passer sous la table. Evidemment il n’y a pas de majorité au parlement, et alors ? Est-ce qu’il y avait une majorité pour l’abolition de la peine de mort ? Je pense qu’il ne devrait pas être timide, on l’attend aussi là-dessus. Si ce n’est pas 2013, il faudra y revenir en 2014, ça me paraît idiot de ne pas respecter la promesse faite aux résidents étrangers ».