"Il faut que ça s'arrête": un maire du Vaucluse et ses élus démissionnent après l'agression d'un adjoint

Maire de France et son écharpe d'élu (photo d'illustration) - Ludovic MARIN / AFP
Sur une équipe de 27 élus, ils sont 23 à démissionner. Le maire de Lauris (Vaucluse) et les conseillers municipaux de son groupe ont annoncé ce lundi leur décision de démissionner du conseil municipal après l'agression d'un de ses adjoints par un habitant la semaine dernière, selon France Bleu Vaucluse.
Le 13 juin dernier, Thierry Dernis, adjoint au maire délégué à la Voirie, s'est rendu chez l'un des administrés de la commune qui l'avait contacté après avoir connu une inondation dans sa maison en raison de violents orages.
"Il me plaque contre le mur et lève le poing"
Sur place, l'homme lui a alors demandé de faire un constat du dégât des eaux, alors que l'élu lui avait donné le contact d'un syndicat spécialisé.
"Je lui réponds que ce n'est pas de mon ressort. Et à ce moment-là, sans raison apparente, il m'attrape par les vêtements, me plaque contre le mur et commence à lever le poing", a raconté l'élu au média local.
Thierry Dernis est parvenu à s'enfuir et à se réfugier dans sa voiture mais l'homme l'a suivi et menacé verbalement.
"Il s'est mis devant mon capot, et m'a dit qu'il allait me retrouver et me tuer", a poursuivi l'élu.
Le maire appelle au "respect mutuel"
Thierry Dernis refuse de "laisser passer ça" et a donc décidé de porter plainte. Mais le maire de la ville, André Rousset a souhaité aller plus loin et a donc appelé à la démission de tous ses élus.
"Il faut que ça s'arrête. Il faut qu'on respecte les élus, les gendarmes, les maîtresses d'école. Cette semaine encore, la directrice de l'école a été insultée. Stop, c'est fini. Il faut qu'on se respecte tous mutuellement", a-t-il martelé.
Le suspect a été entendu par les enquêteurs et présenté devant le parquet d'Avignon, selon La Provence. Il a été placé sous contrôle judiciaire en attendant son passage devant le tribunal correctionnel.
"Ça suffit maintenant"
Le président de la région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur a apporté son soutien à l'équipe municipale.
"Ça suffit, maintenant! Nos maires ont le droit à la sécurité, et au respect de nos concitoyens", a tweeté Renaud Muselier, estimant que "ce signal d'alarme doit collectivement nous interpeller".
Un contexte de violences contre les élus
Ces faits se produisent dans un contexte de recrudescence de la violence à l'égard des élus. La nouvelle maire de Saint-Brévin en fonction depuis le 9 juin, en remplacement du maire démissionnaire Yannick Morez menacé par l'extrême droite en raison de l'installation d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, a annoncé ce lundi avoir "déposé 3 plaintes en 10 jours".
Elle va en déposer une quatrième contre "les intimidations de l'extrême droite". Eric Zemmour a assuré sur BFMTV ce dimanche que son parti n'est "absolument pas lié" à ces faits, alors que Reconquête a un temps soutenu les manifestations anti-migrants dans la commune.
La maire du 12e arrondissement de Paris, Emmanuelle Pierre-Marie, a aussi dénoncé ce lundi une agression dont elle dit avoir été victime samedi alors qu'elle circulait à vélo.
La semaine dernière, ce sont les maires des communes de Castelsarrasin et de La-Ville-Dieu-du-Temple (Tarn et Garonne) qui ont annoncé déposer une plainte après avoir été renversés par une voiture ce dimanche, alors qu'ils tentaient de dissuader des gens du voyage de s'installer illégalement sur un terrain intercommunal.
En 2022, les outrages, menaces et violences physiques à l'encontre des maires, adjoints et conseillers municipaux du fait de leur fonction ont progressé de 15%, selon une évaluation de l'Association des maires de France (AMF).