Hollande ne changera rien

Des bretons en colère, des lycéens de nouveau dans la rue aujourd'hui. Climat de révolte autour de la politique de François Hollande. En coulisse, les députés socialistes sont très inquiets.

Ah oui ! Mais attention, ils ne craignent pas la révolte des Bretons. Un élu m'a dit: « ce sont des manifestations poujadistes, des colères de petits patrons ». « Le chômage en Bretagne est moins élevé qu'ailleurs ». « Le gouvernement va mettre plus d'argent que les 30 millions d'euros prévus. Et les Bretons vont se calmer ». Quant aux lycéens, les députés doutent de leur capacité à vraiment mobiliser aujourd'hui. Non, ce que craignent vraiment les députés socialistes, c'est le silence et l'immobilisme de François Hollande. Le président n'a pas voulu recevoir les parlementaires, malgré plusieurs demandes insistantes depuis l'affaire Léonarda. Pas de signes du chef de l'Etat. Un député a comparé l'Elysée à une citadelle avec un François Hollande très isolé.

François Hollande réfléchit à une stratégie pour rebondir. Vous avez des infos ?

Les députés que j'ai rencontrés sont sûrs que le président va faire quelque chose. Mais quoi ? L'info c'est qu'ils redoutent ce qu'il prépare ! Un parlementaire m'a dit : « N'oubliez pas que François Hollande a été formé à l'Elysée sous Mitterrand. Il réfléchit. Il prend son temps ». Mais l'ambiance est délétère à l'Elysée. Des conseillers n'hésitent plus à critiquer le chef de l'Etat. « Ils le font ouvertement dans des dîners en ville », m'a confié, choqué, un élu. Cela dit, côté stratégie pour rebondir, c'est sûr il n'y aura pas de remaniement dans l'immédiat. Et rien de surprenant non plus dans le discours à la Nation que doit prononcer jeudi François Hollande pour le lancement de la commémoration des 100 ans de la guerre 14 - 18.

Donc pour François Hollande il est urgent de ne rien faire...

Oui. Et ça donne des députés socialistes stressés ! Ceux que j'ai vus vont être très vigilants sur la gestion de la suspension de l'écotaxe… « Quel tour de passe-passe va trouver le gouvernement pour garder la tête haute ? » Un autre m'a dit : « Si on cède sur tout, on ne pourra plus rien faire ». Il y a une véritable peur de la paralysie de l'action politique. « On payera la facture lors des élections municipales » disent-ils, fatalistes. Si François Hollande n'a pas arrêté de stratégie pour calmer la colère des Français, les députés PS en ont une : faire le dos rond pendant la tempête. Il y a encore dix jours de débat sur le budget. Ensuite plus rien jusqu'à Noël. Viendra alors la trêve des confiseurs. Et tout ça nous mènera jusqu'à janvier où on ne parlera plus que des élections municipales à venir. François Hollande espère toujours une inversion de la courbe du chômage et un retour de la croissance d'ici là. Les députés socialistes y croient. Ce serait bien si les Français s’en rendaient compte.

Véronique Jacquier