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Hollande n'est même plus le chef de sa majorité

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier - -

Décidément, malgré l'interview du 14 juillet, la majorité donne du fil à retordre à François Hollande. Le Sénat a encore fait des siennes...

Les sénateurs ont adopté le projet de loi sur la transparence de la vie publique... mais sans l'essentiel, la mesure phare de la publication de déclaration du patrimoine des élus ! Un rebondissement rendu possible grâce à une alliance des radicaux de gauche, de l'UMP et de certains centristes. Les radicaux de gauche sont les nouveaux rebelles de la majorité, ils n'hésitent plus à joindre leurs voix à celle de la droite pour mettre en échec le gouvernement. Prochains combats : la fin du cumul des mandats et le redécoupage des cantons. Ils sont devenus des alliés aussi difficiles à gérer que les écologistes.

Mais François Hollande a appelé sa majorité « à se mettre à ses côtés pour gagner » les élections en 2014. Il l'a dit dimanche lors de l'interview....

Et bien son discours ne séduit plus ses alliés, surtout les Verts. Lundi, ils ont encore avalé une couleuvre. François Hollande a redit sa confiance dans le niveau de sécurité du nucléaire français, et ça va loin : le gouvernement étudie la mise en œuvre de sanctions pénales beaucoup plus lourdes pour les militants écologistes qui s'introduiraient sur un site nucléaire. C'est étrange, silence radio du côté des ministres verts du gouvernement, Cécile Duflot et Pascal Canfin. Mais le sénateur vert Jean-Vincent Placé est, lui, passé à l'offensive. « C'est important de montrer que les centrales nucléaires sont des passoires a-t-il déclaré ».

Ils peuvent ruer dans les brancards ?

Non, en coulisses, un proche des deux ministres m'a dit qu'ils n'avaient aucune carte à jouer en quittant le gouvernement. Ils seraient satellisés. Regardez le destin de Delphine Batho. En revanche, ce qui est sûr, c'est que les Verts sont une sacrée épine dans le pied de François Hollande. Ils sont de plus en plus exigeants et ne sont pas dupes des gages donnés dimanche par le président pour continuer à interdire l'exploration du gaz de schiste. Ils menacent de faire des listes autonomes aux élections municipales. Et pour l'anecdote même le compagnon de Cécile Duflot se fait remarquer ! Antimitariste, il a séché le défilé militaire du 14 juillet, et il a tweeté qu'il était fier que sa chaise reste vide au passage des bottes sur les Champs-Elysées. Il n'a pas été recadré.

Hollande est-il encore le chef de sa majorité ?

On peut se poser la question, y compris à l'intérieur du gouvernement. Dimanche, François Hollande a eu cette confidence pour justifier le deux poids deux mesures entre Batho et Montebourg : « La ministre limogée n'a pas respecté le budget ». Autrement dit, toutes les critiques sont permises à l'exception de celles portant sur le budget. François Hollande ne fait pas preuve de beaucoup d'autorité pour tenir ses troupes ! Et sa phrase débordante d'optimisme : « Si on veut gagner en 2014, il faut être à mes côtés », c’est du bluff ! François Hollande est très impopulaire, sa cote de confiance ne bouge pas à 26% d'opinions favorables. Croyez-vous que beaucoup vont prendre le risque de le suivre dans l'enfer électoral ? Tous les coups sont encore permis...

Retrouvez la chronique de Véronique Jacquier du mardi 16 juillet : Les Coulisses de la Politique

Véronique Jacquier