Hollande : la lettre qui fait débat

François Hollande - -
C’est une lettre qui risque de faire beaucoup de bruit. Le procès en diffamation intenté par Valérie Trierweiler contre les auteurs et l'éditeur de « La Frondeuse » tourne à l'affaire politique depuis que François Hollande a écrit à la justice.
Sur un papier sans en-tête adressé au juge chargé de l’affaire, le président de la République dénonce « comme pure affabulation les passages du livre concernant une prétendue lettre jamais écrite ». Les auteurs y affirment que François Hollande a sollicité dans un courrier l'UMP Patrick Devedjian pour qu'il lui organise une rencontre avec le Premier ministre de l'époque Edouard Balladur. De son côté, Manuel Valls, dans une lettre à en-tête de l'Intérieur, affirme que les propos qui lui sont prêtés dans le livre « sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte ».
« En tant qu’individu, il n’existe pas »
Mais pour la défense des auteurs et de l'éditeur, ces deux courriers constituent une violation de la séparation des pouvoirs. Lundi, la décision du juge a d’ailleurs été reportée au 28 janvier. Le secrétaire général de l’UMP Bruno Beschizza estime quant à lui que François Hollande « a entretenu la confusion des pouvoirs » car l’homme et la fonction sont étroitement mêlés. « En tant qu’individu, il n’existe plus, tout ce qu’il fait est bien évidemment en rapport avec la fonction qu’il a. C’est un reniement complet de son engagement 53, il avait promis qu’il s’interdirait toute intervention, et bien il le fait pour sa compagne ».
« Aucune atteinte à la séparation des pouvoirs »
Mais à en croire le constitutionnaliste Didier Maus, « il n’y a aucune atteinte à la séparation des pouvoirs ». Car si le président de la République est soumis à un certain devoir de réserve, l’homme ne l’est pas. « Ce n’est pas le président de la République qu’il a écrit au tribunal, c’est François Hollande. Il se trouve qu’il est actuellement président de la République, mais les propos qu’il dément sont totalement étrangers à son mandat ».
« Un vrai problème »
L'ex-président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a jugé pour sa part que le témoignage du président François Hollande était « un vrai problème ». « C'est surtout le contraire de ce qu'il a toujours dit, qu'il mettrait la plus grande distance, un mur entre lui et l'institution judiciaire », a souligné le député de Haute-Savoie qui estime qu'il s'agit « d'un reniement supplémentaire avec des interventions, une personnelle, et une du ministre de l'Intérieur sur papier à en-tête ». « Comme distance, comme mur, on fait mieux ! Ça me paraît un vrai problème », a-t-il insisté.