Hollande et Sarkozy hors jeu en deux semaines

Egaux face à l'exercice du pouvoir, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont été amenés, à moins de deux semaines d'intervalle, à renoncer à leurs ambitions présidentielles. Le renoncement du chef de l'Etat et la défaite de son prédécesseur ont ouvert une nouvelle période de l'histoire de la Ve République. Ce sera la première fois, depuis 1974 et la mort de Georges Pompidou, qu'aucun candidat n'aura déjà exercé la fonction suprême de l'Etat.
Des sorties presque simultanées
"J'ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République": François Hollande a annoncé jeudi soir qu'il renonçait à 2017, lors d'une allocution télévisée d'une dizaine de minutes, prononcée d'une voix blanche.
Douze jours auparavant, Nicolas Sarkozy, éliminé sèchement dès le premier tour de la primaire de la droite, avait été contraint de s'effacer, laissant la place à François Fillon, son ex-Premier ministre, ravalé par lui au rang de "collaborateur" durant son quinquennat.
C'est sur une note sobre, un ton jugé "digne" par ses amis comme ses adversaires, que Nicolas Sarkozy avait tourné le dos à la politique, affirmant qu'il aurait désormais "une vie avec plus de passions privées et moins de passions publiques".
Et les mêmes arguments
Tous deux ont eu le même besoin dans leur discours de justifier leurs actions. "J'ai agi pour redresser la France et la rendre plus juste", a affirmé François Hollande; "Comme je l'ai toujours fait tout au long de ma vie politique, j'ai défendu mes valeurs", avait affirmé Nicolas Sarkozy, le 20 novembre. Même besoin également de mettre en garde contre "les extrêmes" pour l'ex-chef de l'Etat, contre "l'extrême droite" pour le président socialiste.
Cette sorte de gémellité entre l'ex et le futur ex président avait été scellée en 2005, lorsque ces deux pro-européens convaincus, avaient posé ensemble, tout sourire, pour Paris-Match.
C'était quelques semaines avant le référendum sur la Constitution européenne, pour lequel ils avaient tous deux appelé à voter oui. Cette complicité affichée ne leur avait pas porté chance, 55% des Français ayant été sourds à leurs arguments, en votant contre le traité.
Deux parcours qui se croisent
Les deux hommes, qui se connaissent bien (ils ont été députés à la même époque pendant de longues années) et se tutoient dans le privé, pensaient se retrouver face à face en 2007. Chacun fourbissait ses armes, plus affûtées chez Sarkozy que chez Hollande, finalement doublé par une Ségolène Royal très déterminée.
Puis vient 2012 et la grande confrontation tant attendue entre un président éprouvé par cinq années à l'Elysée dont quatre à combattre la crise économique "la plus violente que le monde ait connue depuis 1929", répétait-il, et un candidat que le destin fauché d'un Dominique Strauss-Kahn avait mis en selle. Le premier traitait le second de "mou", qui à son tour moquait un président "bling bling".
Entre l'ex-président qui rêvait d'être le premier à réussir son retour à l'Elysée, et l'actuel qui jette l'éponge sans essayer, une sorte d'équité semble s'est rétablie. "Quelle folle quinzaine politique!" a résumé dans un tweet le député juppéiste Benoist Apparu.