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Politique

Hollande et les mécontents du PS

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

François Hollande dîne ce mardi soir avec les grands patrons. Alors que la contestation monte dans les rangs du PS.

Imaginez la scène: François Hollande en visite hier lundi d’une entreprise de composants électroniques à Château-Renault, en Indre-et-Loire, pour défendre sa politique économique. Et sur qui le chef de l’Etat est-il tombé, à la buvette, c’est un hasard : sur le député socialiste du cru, un certain Laurent Baumel. Celui-là même qui a osé cosigner, avec une quinzaine d’autres élus du PS, un appel, pour interpeller le président : n’oubliez pas les salariés, les ouvriers modestes, il faut redistribuer. Et que dit le président pour rassurer le député en question ? Rien, ou si peu. François Hollande qui a dû passer une partie de sa visite hier à déminer la polémique sur l’exil fiscal de Gérard Depardieu. Un autre signataire de l’appel, François Kalfon, secrétaire national du PS, le monsieur opinion rue de Solferino, nous a confié hier soir : « franchement, j’aurais préféré être recadré, mais ils n’ont même pas réagi à l’Elysée ».

Ces mécontents ne viennent pas de l’aile gauche du PS, ni même des Verts ou du Front de gauche...

Non, et c’est ce qui devrait inquiéter l’exécutif : il s’agit cette fois d’élus PS plus classiques, issus d’anciens réseaux strausskahniens, qui incarnent un courant baptisé « gauche populaire ». Pour eux, réduire les déficits publics et améliorer la compétitivité, c’est bien. Mais le PS d’Harlem Désir, au lieu pétitionner sur le droit de vote des immigrés ou le mariage gay, des sujets certes légitimes, devrait s’occuper des problèmes prioritaires des Français : leur pouvoir d’achat, purement et simplement laissé de côté. Ou encore la mise en œuvre de l’harmonisation fiscale entre l’impôt sur le revenu et la CSG, promise par le candidat Hollande, un engagement oublié.

Que dit l’Elysée de l’initiative de ces élus ?

L’entourage présidentiel, hier en fin de journée, s’est un peu irrité, en déclarant : « Ils ont besoin de s’exprimer, ils ont choisi l’aiguillon. Nous redressons l’industrie française, au service des ouvriers, c’est au fond ce que ces signataires nous indiquent. C’est gentil de leur part, mais on était au courant ». Ce qui revient à dire : « circulez, il n’y a rien à voir ».

Le doute s’est installé au sein de l’électorat de gauche.

En témoigne la chute de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault dans les différents sondages, alors que la cote d’Arnaud Montebourg - c’est le paradoxe - est en progression. Le ministre du redressement productif surfe sur le succès de sa proposition de nationaliser Florange, retoquée par l’exécutif. Le banquet des grands dirigeants du CAC 40 et des grandes entreprises privées de l’Association française des entreprises privées, auquel participe le chef de l’Etat ce soir, n’est pas fait pour rassurer une base socialiste, échaudée par l’épisode Arcelor Mittal. Les trois centimes de hausse du smic au 1er janvier et les annonces de nouvelles économies attendues à Matignon ce matin ne vont pas arranger l’affaire. François Hollande, lui tient bon, et maintient le cap, comme le rappellent ses soutiens. En faisant le pari que la croissance finira bien par revenir au deuxième semestre 2013 pour tirer le gouvernement et le pays de cette mauvaise passe… La route est longue.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce mardi 18 décembre.

Jean-François Achilli